Chaque surgissement médiatique du pape François provoque un sourire général ...
.... de contentement de soi chez les progressistes et quelque peu "coincé" chez les conservateurs, obligés de dire qu'ils "adorent" ce pape non conventionnel. D'ailleurs comment résister à l'avalanche de bons sentiments produite par l'action béate du pape François. Aussi le sourire est général. Et il y est manifeste que le risque de s'opposer aux bons sentiments du pape François semble immense, car bien rare sont ceux qui tentent timidement de s'opposer à eux. On a vaguement noté l'existence de treize cardinaux "contestataires" dont d'ailleurs on ne sait trop ce qu'ils contestent. Comme quoi, on ne leur a pas laissé les moyens de le dire bien fort. Pour le reste, c'est le silence. Seuls, les progressistes rabâchent avec délices les bourdes du pape François qu'il semble d'ailleurs prendre très au sérieux. Ceci conduit d'ailleurs à estimer que le contentement des progressistes est quelque peu railleur.
D'ailleurs, on a noté plusieurs articles, publiés notamment aux USA, dans lesquels les journalistes progressistes soulignaient qu'ils avaient le pape François à l'oeil notamment sur la question de la démocratie dans l'Eglise ou encore sur celle de l'égalité avec les femmes. On a noté aussi que le pape François s'est en général assez bien acquitté des motions progressistes que les journaux lui faisaient passer. Cette obéissance participe à la bienveillance générale à l'encontre du pape François. Cet état d'esprit contraste notablement avec les rapports assez rudes entretenus par les média à l'encontre des deux précédents papes, Benoît XVI étant systématiquement brocardé pour sa supposée rigueur doctrinale ou morale et vilipendé pour des faits d'abus sexuels commis par des ecclésiastiques.
A ce propos, on a noté que l'accusation de complicité portée à l'encontre du pape et de ses évêques n'est pratiquement plus formulée. De nouveaux faits sont révélés, mais à une cadence et une amplitude moindres. Et si les autorités ecclésiastiques ont pris des mesures allant dans le sens de l'apaisement des agitations médiatiques, il n'en reste pas moins vrai que le pape François reste indemne de menées à ce sujet.
Spiritualité et Théologie sous le pontificat du pape François
Très clairement, la doctrine du pape François n'est pas contestée sur la matière spirituelle. Ce n'est pas directement une matière "médiatique". Qui est Dieu ? Quel culte lui rendre ? sont des questions qui ne sont pas abordées par les média. Dans une certaine mesure, ni le pape François ni ses auxiliaires n'excitent la verve médiatique à propos de ces sphères éthérées.Elles n'intéressent pas publiquement le pape François. Non pas qu'il écarte la question de Dieu. Au contraire. On peut trouver chez lui de nombreuses références à une représentation anthropique de Dieu. Le dieu du discours public du pape François est très clairement un homme parfait qu'il s'agit de révérer et d'imiter. Est-ce Jésus ? "Dieu" dans le discours du pape François, c'est le pauvre, l'étranger, l'exclu. Mais c'est aussi l'individu indistinct dans le peuple parfait qui oeuvre pour la paix et la justice telles que l'entendaient les progressistes des années cinquante. De toutes façons, cet homme-modèle, ce n'est ni vous, ni moi, ni aucune personne réelle, fut-elle, bien entendu "pauvre", "étranger" ou "migrant" ...
Dans ces conditions, une telle "spiritualité", une telle théologie - que certains ont reconnue comme étant la théologie du peuple, dérivée de la théologie de la libération - sont largement perçues comme compatibles avec les motions progressistes. Elles en sont d'ailleurs largement les avatars connus depuis plus de deux siècles. Mais, elles ne s'étaient jamais imposées aussi fortement à la tête de l'Eglise hiérarchique.
Encore à l'heure actuelle, bien peu de commentateurs se sont aperçus que la théologie et la spiritualité catholiques avaient été subrepticement modifiées derrière les déclarations brouillonnes du pape Fraçois. Seuls, certains ont compris par exemple, que sa volonté d'admettre les divorcés remariés à la communion masquait en réalité ce changement de spiritualité et de théologie. L'Eucharistie n'y est plus l'unique sacrifice du Christ, mais le banquet fraternel du peuple. D'autres actes du pape François convergent avec cette preuve sur d'autres points sensibles de la foi chrétienne.
La contestation dans l'Eglise
L'Eglise catholique a fondamentalement une tradition de soumission à l'autorité ecclésiastique. Malgré la prise de pouvoir importante des évêques suite au Concile Vatican II et à sa difficile mise en oeuvre sous les pontificats précédents, très peu d'évêques se permettent la moindre critique du pape François. Les deux papes précédents pourtant n'avaient pas été épargnés par de nombreuses critiques, y compris par de nombreux évêques, dont une frange, qu'on a eu bien tort de négliger, a déjà exprimé la plupart des idées du pape François, sous une forme ou sous une autre, mais alors comme des slogans de révolte contre l'autorité romaine.
De fait, de nombreux ecclésiastiques de haut rang sont encore stupéfaits d'entendre comme des évidences dans la bouche du pape François ce qui était "impensable" sous Benoît XVI. Seuls quelques uns, parfois inattendus, disent leur désarroi sous une forme ou sous une autre. Ils sont à peine une dizaine, les autres adhérant avec enthousiasme parce qu'ils n'ont jamais pensé autrement ou parce qu'il s'agit de la pensée conforme à l'autorité.
Il est bien sûr difficile de croire à la "sincérité" de la parole de certains prélats qui se répandaient en déclarations papolâtres sous les deux pontificats précédents et qui, d'un coup, n'ont pas de mots assez durs pour rejeter ce qu'ils adoraient autrefois.
Cela peut il troubler le public ?
La réponse est complexe. En effet, il y a au moins trois publics, sinon quatre. Le premier, de loin, le plus nombreux, est composé de gens franchement hostiles au catholicisme ou bien parce qu'ils sont membres d'autres religions ou confessions, ou bien parce qu'ils sont athées sous une forme ou sous une autre. Ce public est parfaitement indifférent aux peines de coeur des catholiques en général, des évêques de la "génération Benoît XVI" en détail. Ces gens notent seulement avec satisfaction que l'Eglise romaine renonce à ses vieilleries dépassées et s'aligne au goût du jour. En devient-elle fréquentable ? Pourquoi pas ? répondent les média.
Un autre public rassemble les catholiques sociologiques pour des raisons formelles. Par exemple, parce qu'ils ont été baptisés, ou même seulement parce que leur pays a une tradition catholique. En pratique, leur opinion sera souvent proche de celle du premier public.
A ce niveau, on a déjà dépassé depuis longtemps la majorité de la population dans la plupart des pays. On peut donc affirmer que, majoritairement, le public est parfaitement indifférent à la révolution "tranquille" du pape François. Seuls quelques activistes - on pense à ceux du réchauffement climatique ou aux promoteurs de l'homosexualité - ont une pensée attendrie à l'endroit du pape François. Ils l'oublieront vite.
Un troisième public est lui par contre franchement divisé. C'est celui des catholiques pratiquants. La première grande division est celle qui sépare les progressistes des conservateurs. Pour les progressistes parmi eux, le pape François est une "divine" surprise. Et ils s'en louent avec ravissement. Ils expriment ce ravissement dans certains journaux ou magazines en France.
Par contre, le groupe des pratiquants conservateurs est lui sous le coup d'une grande surprise et d'une crainte certaine. Il se divise d'ailleurs en deux ou trois groupes microscopiques entre les intégristes, les concilaires et les intégro-concilaires qui n'ont pas les mêmes épidermes. L'arrivée du pape François a été une totale surprise pour eux. Bien entendu, aucun d'eux ou presque ne connaissait le nom de Bergoglio qui, d'ailleurs, ne se signale pas par une action particulièrement publique jusqu'à son élection inattendue.
Or, voilà surgissant on ne sait d'où, ce pape, revêtu de tous les attributs de l'autorité, donc, pour un conservateur, parfaitement incontestable sous peine de péché mortel et des éternelles avanies attachées, qui leur ordonne de rejeter ce qu'ils croyaient le plus fortement et d'adhérer d'un coup à ce qu'ils haïssaient le plus.
Pensez. En France, ils avaient défilé en rangs pressés, l'année même de son élection, pour refuser le mariage républicain homosexuel. Leurs manteaux sont encore mouillés de la pluie reçue durant la dernière manif', quand le pape vient, la bouche en coeur, leur annoncer que les homosexuels sont des catholiques comme les autres, que les divorcés sont la richesse de l'Eglise et autres énormités qui, dans les rangs de la "Manif' pour tous", aurait fait écharper le premier malvenu qui aurait prononcé de telles choses.
Que croyez-vous qu'il se passera ?
La réponse est simple. Rien.
Les homosexuels se marient en France. Croyez-vous que des grenouilles de bénitier se soient assemblées au perron des mairies pour conspuer les heureux époux ? Croyez-vous qu'un édile catholicard se serait opposé à "célébrer" une telle union "contre nature" ? Rien. Il ne s'est rien passé
Plus encore. La plupart, dans l'année écoulée suivant la promulgation de la loi autorisant le mariage homosexuel, sont allés fêter républicainement le mariage de Charles-Edouard avec Guy-Hubert. On a fait une bonne bambée et, depuis cette soirée mémorable, on ne parle plus de cette damnée "Manif' pour tous".
Le pape François leur dit que le réchauffement climatique est un péché contre la Nature ? Ils vont gravement à confesse s'accuser de rejeter trop de CO2.