Brexit. Quelques réflexions politiquesQuelques faitsPar référendum, les Britanniques ont rejeté l'idée de rester dans l'Union Européenne et ont demandé leur sortie de l'Union. Il est du ressort de l'Etat britannique de mettre en oeuvre cette décision référendaire. Ou non. Les eurolâtres ont poussé des cris d'horreur en constatant ce résultat que les sondages annonçaient pourtant depuis quelques temps. On a entendu les observations diverses suivantes :
Consternation. En politique ou en Europe ?La situation politique est particulièrement consternante. Et ce n'est pas le Brexit qui en est responsable. C'est bien une situation politique incohérente qui est la cause du Brexit et de la crise européenne que personne - ou presque- ne conteste. Il est à peu près clair pour tout le monde que le mécanisme européiste fonctionne depuis les pieux "Pères fondateurs", à la manière d'un piège qui se referme peu à peu sur les peuples se trouvant dans une zone de moins en moins limitée à l'Europe. Or, cette logique de piège est extrêmement désagréable quand elle n'est pas accompagnée de sérieux avantages matériels. Et le clivage entre tenants du Brexit et européistes se fait clairement là-dessus. Les européistes disposent de confortables revenus développés par les décisions européistes tandis que leurs adversaires voient leur richesse fondre comme neige au soleil, essentiellement par la saignée fiscale. Plus encore, ces adversaires de l'Eurolâtrie se sentent menacés dans leur identité même. L'immigration comme pierre de toucheA ce propos, les européistes ont beau jeu de prétendre que les tenants de la sortie du système européen se trompent d'argument en craignant la politique d'immigration européiste puisque en Grande-Bretagne les règles de contrôle de l'immigration sont du seul ressort du gouvernement britannique. Mais, ce dernier est encore plus immigrationiste que les institutions bruxelloises. Il est donc clair que la critique de la politique immigrationiste portée lors du Brexit vise aussi bien Cameron et ses prédecesseurs, Brown et Blair que les européistes. Et ces derniers, par exemple en Allemagne atteinte par l'immigration turque, sont déjà en train de réviser leur sens de l'ouverture. Le coeur du problèmeSi on retient les arguments qui motivent les adversaires de l'eurolâtrie, il y a bien sûr des thèmes nationalistes, mais aussi étatistes ou souverainistes. Et l'eurolâtrie n'est qu'une composante de cette immense agression contre les identités historiques et géographiques, mais aussi économiques et politiques qui est menée avec de plus en plus de violence depuis des décennies. La réalité, c'est qu'aujourd'hui, les eurolâtres sont sans racines et identifient leur identité avec les avantages matériels que leur confère leur eurolâtrie. Aucun ne partage de valeurs communes. Seul l'intérêt immédiat les guide et les sépare à chaque instant. Et de fait, la "nation" Europe est un objet du futur qui ne prend aucune forme réelle. Le fédéralisme appelé par certains est celui des intérêts de la bourgeoisie et il est largement assuré par l'Otan ou d'autres institutions transnationales animées par le FMI ou la Banque mondiale. L'Europe est affaiblie d'autant qu'elle se projète en centre de valeurs. Le problème des adversaires de l'Eurolâtrie, c'est que leur nostalgie des identités se nourrit de vagues réminiscences historiques que les bourgeois ont travaillé depuis plusieurs générations à rendre suspectes. A commencer par le christianisme. Mais à continuer aussi par le patriotisme largement aussi déconsidéré que lui. Par ailleurs, leur nostalgie se nourrit aussi de la diminution de leur pouvoir d'achat : retraités, petits commerçants, artisans, employés et petits cadres, agriculteurs serfs du Crédit Agricole ou de leur propre famille.Tant que les revenus n'ont fait que diminuer, on a murmuré. Puis, les réglements innombrables se sont mis à pleuvoir et l'angoisse de la faute a monté. Et enfin depuis une dizaine d'années, on se rend compte que ce qui n'était qu'une baisse de revenus pouvait très facilement se transformer en une absence complète. Chômage, faillites, saisies, ... Leurs enfants, souvent insérés dans des études de plus en plus longues, se retrouvent en masse sur un nombre réduit de postes. Ils restent alors sans emploi ou, pire, sur de mauvais emplois qui ne se distinguent le plus souvent pas des stages auquels ils croyaient avoir échappé. Magie du diplôme. Croyant dur comme fer que le diplôme est la preuve d'une compétence, d'un savoir, les déclassés du magma européiste ont découvert à leurs dépens qu'il n'était qu'un piège mortel tendu par la bourgeoisie pour étouffer toute possibilité d'accès à la vie sociale. Par contre, la bourgeoisie se réserve les postes et les prébendes par les mécanismes de concours et de cooptation.Ainsi, la plupart des grandes administrations organisent à grand frais des concours de recrutement qui réunissent parfois des milliers de candidats, souvent fortement diplômés, pour recruter un seul poste, en réalité déjà réservé à un enfant d'apparatchick. Ah, le doux mythe du mérite républicain ... Un clivage irréversibleUne chose apparaît dans le clivage de plus en plus hostile entre eurolâtres et europhobes. De plus en plus de faits montrent que le clivage n'a rien à voir avec l"Europe-l'Europe, ou avec les "bonds de cabri" que son évocation suscite. Il se fait entre le progressisme de type socialiste et le conservatisme de type populiste. Or, le socialisme est essentiellement conservateur, tandis que le populisme prétend au progressisme. Il ressort de ce magma infect que les ennemis sont en fait amis et que les amis sont de vrais ennemis. Certains déduisent de cette incohérence entre progressisme socialiste d'une part, et conservatisme populiste d'autre part, qu'il s'agit simplement d'une erreur d'analyse. Pourtant, cette confusion entre les citoyens conduit droit au chaos et donc à l'appel d'un ordre totalitaire. Appel à la tyrannie donc. L'état d'urgence est ainsi reconduit de mois en mois en France. Et le pouvoir entend réduire ainsi jusqu'à la liberté de manifester. La fontière est ténue ... |