L'inculture mathématique en Occident : le problème récurrent des moyennes

Philippe BRINDET - 17.10.2016

Dans un essai remarquable (Petit traité de hasardologie, d’Hubert Krivine (Cassini, 164 p., 14 €).), le physicien Hubert Krivine dénonce les abus de la technique statistique de la moyenne. Les abus de cette technique proviennent du fait que les occidentaux ont perdu confiance dans l'analyse de concepts opérationnels et déterministes pour décrire le réel. A la place, encouragés par quelques succès, ils préfèrent aujourd'hui manier d'énormes ensembles de données numériques hétérogènes et imaginent décrire le réel en utilisant la moyenne statistique de leurs données de manière irresponsable.

Loin des polémiques, Hubert Krivine utilise l'exemple pour montrer que la moyenne ne peut pas décrire n'importe quoi. Il énonce le fait ben connu que dans la population humaine il y a guère plus de femmes que d'hommes. Sur la base de cette observation statistique vraie, trop de nos contemporains en déduisent que les hommes ont en moyenne un peu moins d'un sein par personne !...

Ridicule ? Oui. Malheureusement, de très nombreux domaines prétendus scientifiques ont systématiquement recours à cette technique abusive de la moyenne.

Lors de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, on sait que le gouvernement français de l'époque avait décidé que la Météo nationale ayant disposé l'anticyclone des Açores au bon endroit (c'est-à-dire, jstement pas sur les Açores !...) le panache de déchets radioactifs issu de la centrale explosée de Tchernobyl s'était arrêté exactement à la frontière française. L'affirmation fit rire beaucoup de monde qui, en pratique, auraient plutôt dû rejoindre le maigre bataillon des indignés qui par exemple fondèrent la CRIRAD, indépendante de l'Etat et de son lobby électronucléaire.

Dans un documentaire récent, les principaux acteurs de la "révolte" contre la propagande étatique en France sur la question de l'irradiation de notre sol et de nos populations par le nuage de Tchenobyl ont établi que l'affirmation du fameux SCPRI et du malheureux professeur Pellerin, manifestement fausse et infondée, se basait sur des moyennes départementales d'irradiation sur le territoire métropolitain. Et ainsi, les zones dangereusement contaminées disparaissaient dans les zones peu contaminées ou pas contaminées. Et le professeur Pellerin a pu ainsi affirmer que les taux de radioactivité étaient tout à fait corrects en France !...

Trois domaines réputés scientifiques ont une utilisation fréquemment illégale de la moyenne. Il s'agit :

  • de la médecine ;
  • de l'économie ; et
  • de la climatologie.

En médecine

... c'est-à-dire le plus souvent en pharmacie, mais aussi en psychiatrie et dans de plus en plus d'interventions étatiques dans le traitement de la plupart des affections de santé, le traitement appliqué à une maladie en vue soi-disant de la soigner, est de plus en plus décidé sur la base de moyennes statistiques établies selon des règles tellement complexes que le bon sens semble avoir définitivement sombré. On ignore de plus en plus souvent le modèle causal et le traitement préconisé est de plus décidé en "haut lieu" sur la base de statistiques où ce traitement a été réputé "réussir" sans que l'on sache toujours ce que le terme de " réussir" pour un traitement a de sens. On cache d'ailleurs savamment les cas où il a échoué.

Et c'est comme cela que, quinze ou vingt ans après son lancement en fanfare, le public époustouflé des "progrès de la science" apprend que tel remède ou tel traitement largement répandu n'est comparable ... qu'avec une médication de charlatan ...

En économie

Deux exemples sont particulièrement célèbres : celui de la "croissance" et celui de PIB par habitant. C'est d'ailleurs la même statistique, et les deux paramètres présumés démontrer l'excellence de notre économie - certains y croient encore, ne les réveillez pas - sont abondamment et presque exclusivement diffusés dans le public.

Lorsque les média agitent le niveau du PIB par habitant devant leur public, ils ne se rendent pas compte que l'immense majorité d'entre eux ne se trouvent pas seulement sous la moitié de ce PIB glorifié, mais littéralement dans le seuil de pauvreté. Il y a une indécence à agiter de tels chiffres pour faire honte aux pauvres gens parce que leur carte d'identité les assignent à résidence avec d'autres gens, si riches qu'il n'y a absolument aucun sens raisonnable à "distribuer" la moyenne entre eux.

Et pour la "croissance", la tromperie est encore plus effarante. Imaginez que le secteur industriel et le secteur agricole s'effondrent en France. Et son gouvernement a le front d'annoncer que la croissance se promène entre 1 et 2% l'an. On annonce que plus de la moitié des agriculteurs survivants à la politique effrayante ordonnée par Chirac il y a vingt-cinq ans et plus seront à terme sous le seuil de pauvreté. Dans un pays qui se prétend en pleine santé économique.

En climatologie

Ici, le souffle manque. D'autant que le diktat y veille. Ce diktat est exprimé de la façon suivante :

La communauté scientifique unanime a posé le consensus suivant : la planète subit un réchauffement catastrophique qui exige une réduction immédiate des gaz à effet de serre dont le gaz carbonique, le polluant humain le plus toxique.

Il n'y a pas un mot de juste ici, pas plus que dans les affirmations du gouvernement français en 1986 face au nuage de Tchernobyl. Mais, contester ce diktat réchauffiste revient à se faire insulter de "climato-sceptique" et éliminer de la "communauté scientifique unanime". L'auteur de ces lignes n'en a jamais été. Mais le drame, c'est que beaucoup de climato-sceptiques, qui sont de vrais scientifiques, sont d'anciens membres de cette soi-disante "communauté scientifique unanime" contraints d'attendre leur retraite pour échapper aux nervis de la terreur réchauffiste.

Réchauffement avons-nous dit. De quoi parlent-ils ?

Les scientifiques de la "communauté scientifique unanime" ne sont pas bien malins. Ils s'en moquent d'ailleurs absolument. Que cherchent-ils ? A soutenir leur dogme : l'atmosphère de la planète se réchauffe continument depuis la "révolution industrielle". Comment démontrer cette assertion ?

Cette assertion fausse date à peu près d'Arrhénius, un savant à la moralité douteuse, qui sévissait au début du XX° siècle. Les climatologues n'ont pas évolué depuis.

Mais pour la démontrer, il suffit de convaincre les "braves gens". Or, que vit un "brave gens" ? Quand il fait froid dans son logement, il met en route son chauffage et le thermomètre monte. Il se réchauffe. SI le thermomètre baisse, il se refroidit. C'est tout, c'est simple.

Qu'en ont déduit les réchauffistes ? Il suffit de mesurer la température de la planète et de dire que "le thermomètre monte", comme les braves gens dans leur logis. C'est là toute la science physique de la "communauté scientifique unanime" ...

Et après tout, s'ils avaient une raison scientifique pour valider leur méthode, pourquoi pas ?

Malheureusement, des raisons "scientifiques" parfaitement obscures, les réchauffistes en ont des centaines. Et le bon sens fait naufrage à leur examen.

Il y a pire. Il faut savoir comment les réchauffistes construisent leur thermomètre du réchauffement climatique. Ce n'est pas bien compliqué sur le papier.

Il existe dans le monde des milliers de stations météo qui mesurent la température de l'air près du sol. Il existe des centaines de bateaux qui mesurent la température de l'eau de mer pendant leurs trajets sur les mers. Eh bien, c'est très simple, les climatologues ont imaginé un thermomètre statistique qui fonctionne de la façon suivante. Les milliers de mesures de l'air au dessus du sol terretsre sont accumulées en moyenne mesuelle. Les centaines de mesures de l'eau dans les océans sont accumulées en moyenne mensuelle. Comme les océans occupent 70% de la surface du globe, on pondère la somme des moyennes mensuelles de l'air et la somme des moyennes mensuelles de l'eau de mer et on obtient ainsi la température mensuelle du globe.

La méthode n'est pas finie. Il faut encore sur une année faire la moyenne des températures mensuelles du globe. Or, cette valeur ne dit strictement rien parce qu'elle peut varier de telle sorte que le réchauffement constant que les réchauffistes veulent démontrer serait insensible. Ils utilisent alors la transformation en anomalie de température moyenne. Pour celà, ils décident arbitrairement de choisir une période de référence dans le passé et de calculer une température globale annuelle de référence lors de cette période de référence. L'anomalie de température de l'année passée est alors définie comme la différence entre cette température globale annuelle et température globale annuelle de référence.

On a alors une valeur de l'ordre de -0,5°C à +0,5°Cdont les réchauffistes foint leurs groges chaudes pour démontrer leur thèse. Et les braves gens les croient.

C'est encore le mirage de la moyenne qui agit.

Trompé par le tour de bonneteau des réchauffistes, les braves gens oublient que la tempértaure globale est la moyenne de la température de la mer et de la température de l'air au-dessus du sol.De quel droit additionner ces deux températures ? Aucun sinon celui du plus fort.

Mais il y a bien d'autres raisons pour démontrer la fausseté du thermomètre réchauffiste Tenez, dans leurs moyennes, les réchauffistes ajoutent la température de la nuit pendant laquelle il n'y a pas de soleil avec celle de la journée au cours de laquelle le soleil brille. Ca ne vous rappelle pas l'exemple de Hubert Krivine de l'homme en moyenne avec un sein ?

Il vaut mieux arrêter là notre contribution à l'alarme lancée par les gens raisonnables contre les usages illicites de la moyenne. Il y aurait tellement d'autres choses à dénoncer dans le genre commme les discours sur le chômage ou la montée des eaux. Arrêtons là.

Il est par contre urgent, et de salubrité publique, que d'utiles règles pratiques d'emploi des moyennes et de leurs conditions de validité soient enfin répandues dans le public pour le mettre à même de critiquer ce qu'on lui assène comme erreurs vraies et vérités fausses en moyenne. Et que les scientifiques acceptent de reprendre une éthique scientifique qui leur interdit d'affirmer n'importe quoi en se fondant faussement sur de fausses moyennes.


Revue THOMAS (c) 2016