2013 - 2017 - Dix affaires du pape François

Philippe Brindet - 08.01.2017

Présentation

Le Cardinal Bergoglio a été Provincial des Jésuites en Argentine lors des années de la dictature du général Videla. Peu après, il a été nommé évêque, puis cardinal par Jean-Paul II. Mais les circonstances de sa carrière ecclésiastique sont toutes sujet d'étonnements de sorte qu'on en parle le moins possible.

On notera qu'il est élu Provincial des Jésuites seulement 3 mois après sa profession solennelle d'entrée dans les Jésuites, ce que l'on peut considérer comme impossible sans un appui, disons ... extraordinaire. Toute sa carrière se développe ainsi. On notera qu'il passe un doctorat de théologie, mais après son règne de Provincial du puissant Ordre des Jésuites et non pas avant, ce qui pourtant semble n'étonner personne. Sa formation doctorale a lieu en Allemagne à Francfort, et pas en Argentine, en 1986 alors qu'il est déjà âgé de 50 ans, ce qui ne soulève semble t'il aucune recherche. Il est nommé évêque 6 ans plus tard par Jean-Paul II.

Bergoglio, dans sa jeunesse sous la dictature de Peron, est membre dirigeant d'une organisation péroniste (Organización Única del Trasvasamiento Generacional (OUTG)). Selon plusieurs auteurs, c'est peu après avoir été élu Provincial des Jésuites qu'il en démisssionnera. Il soutiendra plus tard ses anciens collaborateurs après la chute de Peron.

En tant que Cardinal, il semble peu actif sur la scène européenne ou sur la scène américaine, mais particulièrement actif dans le contrôle de l'Eglise en Amérique du Sud. Ainsi, il est l'un des grands animateurs de l'Assemblée du CELAM de 2007 à Aparicerad au cours duquel une ligne ecclésiastique résolument contraire aux orientations de la CDF et de Benoît XVI est donnée sous son impulsion (voir la publication connue en Europe sous le titre de Document d'Aparicerad). On note les liens approfondis de membres élevés du clergé allemand avec les mouvements d'Amérique du Sud. C'est le cas notamment du Cardinal Müller, aujourd'hui président de la CDF, nommé par Benoît XVI, maintenu par le pape François et semble t'il pourtant très peu défendeur des initiatives du pape François.

Lors de ses années comme dirigeant de l'Eglise catholique en Argentine - donc, depuis 1976 environ - il semble que Bergoglio se soit affilié à un mouvement théologique, dénommé "la théologie du peuple", qui, selon certains analystes européens (Source : http://www.la- croix.com/Religion/Spiritualite/La-theologie-du-peuple-en-Amerique-latine-source-d-inspiration-du-pape-Francois-2015-07-03-1330904), serait la forme "nationale" argentine de la théologie de la Libération, de forme plus brésilienne. Tout récemment, l'un des deux fondateurs de la théologie de la Libération, l'ex-prêtre Leonardo Boff, a déclaré à un quotidien allemand que "le pape François est l'un des notres", les "notres" incluant le cardinal Kasper (source : http://www.ksta.de/kultur/leonardo-boff-im-interview--papst-franziskus-ist-einer-von-uns-- 25372660).

Lors de l'élection à la succession de Jean-Paul II en 2005, Bergoglio aurait dû être élu de l'avis de plusieurs analystes de la vie de l'Eglise. Mais, pour une raison controversée encore, il se retire et laisse passer le cardinal Ratzinger. Le fait qu'il accepte son élection en 2013, après la résignation de son vainqueur de 2005, peut servir à éclairer les motifs de cette même résignation aujourd'hui soigneusement ignorée. Toujours est-il que Bergoglio est élu le 13 mars 2013 et se fait dès lors appelé "pape François".

On notera que l'article Wikipedia sur le pape François (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_(pape)) expose froidement plusieurs de ces éléments biographiques et il semble utile de le consulter.

Table des matières

  1. La remise en ordre de la Curie
  2. L'affaire Le Vert
  3. L'affaire des Franciscains de l'Immaculée
  4. L'affaire du Synode sur la Famille et Amoris Laetitia
  5. L'affaire de Laudato Si
  6. L'affaire du rituel du Lavement des pieds et le cardinal Sarah
  7. L'élimination du Cardinal Burke
  8. Le lien du pape François avec la Théologie de la Libération
  9. L'influence du cardinal Kasper et son idéologie de la miséricorde
  10. Les liens du pape François avec les media progressistes
  1. La remise en ordre de la Curie

    Lorsque le pape François est élu, la presse est encore toute bruissante de l'affaire dénommée Vatileaks, avec l'inculpation de Gabriele, le majordome de Benoît XVI. Il existe de même une rumeur sur l'action clandestine d'un lobby homosexuel à la Curie. D'autres bruits rôdent, tous plus infondés les uns que les autres. Mais l'idée selon laquelle une réforme de la Curie s'impose s'impose à l'esprit de beaucoup de cardinaux électeurs. Ainsi, le cardinal Barbarin a déclaré dès les premiers jours du nouveau pontificat que c'était la tâche pour laquelle le cardinal Bergoglio avait été choisi.

    De fait, l'étendue des réformes est peu discutée d'autant que ces réformes sont assez étroites. On peut citer les actions suivantes :

    1. l'élimination du Secrétaire d'Etat Bertone, l'ami assistant de Ratzinger à la CDF qu'il avait promu au Secrétariat d'Etat. Il est remplacé par Parolin, autre cardinal de Benoît XVI ;
    2. désignation d'un "C8", groupement de 8 cardinaux, animés par le cardinal Pell australien, et qui doit assister le pape François pour réformer la Curie ;
    3. Une prise en main des institutions bancaires et financières assez opaques de la Curie et qui s'étaient développées depuis le Concile, la prise en mains s'exécutant par élimination et parfois emprisonnement de certains dirigeants.
    On sait simplement que le climat à la Curie est absolument détestable. Que certains employés, ecclésiastiques ou laïcs, sont renvoyés sans soutien du jour au lendemain. Que le pape François n'hésiterait pas à téléphoner lui-même à tel ou tel membre subalterne de la Curie pour lui demander des comptes sur son attitude présumée irrespectueuse.

  2. L'affaire Le Vert

    Mgr Le Vert est un évêque français qui était alors évêque de Quimper. Membre de la communauté Saint-Martin, c'est un évêque "Benoît XVI", et la presse progressiste l'étiquette "conservateur". Il est pourtant étranger au mouvement liturgique du rite extraordinaire et est un convaincu du Concile Vatican II. Cependant, il rencontre une résistance acharnée d'une fraction de son clergé et déjà, l'archevêque d'Ornellas est intervenu pour tenter de calmer les passions des uns et des autres. En avril 2014, on apprend soudainement que Rome a accepté la "mise en retrait à sa demande" de l'évêque Le Vert, qui serait victime d'un "coup de fatigue". Un administrateur apostolique est désigné et Mgr Le Vert est proprement éliminé.

    On le voit réapparaître auprès de Mgr Ricard à Bordeaux, puis de Mgr Rey à Fréjus. Un nouvel évêque de Quimper est nommé en 2016.

    On est réduit dans cette affaire à émettre des suppositions, fondées sur plus ou moins de faits contestables. Malgré tout, on peut dire que Mgr Le Vert n'était tout simplement pas reconnu par une partie de son clergé et des activistes progressistes de l'Eglise de France comme le mouvement Golias, de sorte qu'une action de pression sur Rome a été menée qui s'est soldée par son éviction plus ou moins clandestine.

    A notre connaissance, Mgr Le Vert n'a obtenu le soutien public d'aucun ecclésiastique et n'a fait aucune déclaration concernant les circonstances de son éviction. Il ne s'est défendu de rien et n'a attaqué personne sur ce qui lui advenait. Pour être complet, un groupe important de diocésains, tous laïcs, ont tenté de se réunir pour protester contre l'élimination de leur évêque. La tentative a presque immédiatement disparue.

  3. L'affaire des Franciscains de l'Immaculée

    Les Franciscains de l'Immaculée (FFI) sont une famille religieuse franciscaine qui se réclame de l'intuition mariale de Saint Maximilien Kolbe. Leurs deux fondateurs sont les Pères Manelli et Pelletieri. Démarrant en 1970, ils ont comptés 352 membres masculins et 120 novices en 2009. La branche féminine n'est pas moins florissante. Très soutenus par Jean-Paul II, puis par Benoît XVI, ils choisissent en 2007 de placer de manière majoritaire, mais non exclusive, leur liturgie dans le cadre du rite extraordinaire institué par le Motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007 de Benoît XVI .

    En 2011, sur des plaintes de plusieurs membres des FFI, des enquêtes apostoliques sont décrétées. Une minorité active de moines est en désaccord notamment sur la discipline interne des FFI et sur le recours au rite extraordinaire qu'ils accusent de servir d'arme contre l'esprit du Concile Vatican II. En réalité, il s'abit pour les adversaires des fondateurs des FFI de lutter contre l'herméneutique de la continuité promue par Benoît XVI et que les FFI voulaient mettre en oeuve.

    A peine intrônisé, le pape François décide d'interdire aux FFI le recours au rite extraordinaire, contre tout droit, mais les accusant de s'en servir comme d'une arme de révolte contre son autorité (Lire notamment Sandro Magister, Pour la première fois François contredit Benoît, 29 juillet 2013). Il fait nommer un commissaire apostolique afin de réformer les constitutions des FFI pour les rendre conformes à l'esprit du Concile. Comme si Jean-Paul II et Benoît XVI avaient laissé prospérer par leurs soutiens une situation profondément délétère.

    Le Commissaire nommé, très influent auprès de la Conférence épiscopale italienne, était un Capucin qui va se livrer à un certain nombre d'exactions, incluant l'élimination des fondateurs et des moines qui leur restent fidèles, des accusations de malversations financières à l'encontre des fondateurs et de leurs familles. Des accusations encore plus extravagantes, toutes aussi infondées, sont mises à jour, par exemple concernant l'obligation d'un pacte de sang ... Ces accusations seront attaquées devant la justice italienne. Pour ces accusations sans fondement, le Commissaire sera condamné. L'homme décède peu après.

    Un autre Commissaire est alors nommé et la "réformation" des FFI se poursuit. Particulièrement, les FFI restés fidèles à leurs fondateurs sont soutenus activement par une partie - réputée conservatrice - du catholicisme italien, et par l'évêque du Diocèse d'Impala. Ce dernier est éliminé par le pape François qui le fait destituer en 2016. On notera qu'un certain nombre d'intellectuels catholiques, autrefois soutiens du pape Jean-Paul II, comme le professeur Roberto De Mattei, écriront des articles de défense et d'illustration des FFI. Ils sont actuellement pourchassés comme ennemis conservateurs par les progressistes.

    Le pape s'est personnellement impliqué dans la révision des FFI, recevant publiquement au Vatican les membres "rescapés" des FFI qui lui ont fait allégeance.

  4. L'affaire du Synode sur la Famille et Amoris Laetitia

    Très rapidement après son élection, le pape François a annoncé qu'il allait rassembler un Synode des évêques pour publier un document faisant le point sur la doctrine catholique concernant la Famille et le Mariage. Cette annonce a été perçue dans le public en relation avec les diverses campagnes en Europe en faveur de la théorie du genre et des législations du mariage homosexuel. Il s'en est suivi que beaucoup ont espéré un document de l'Eglise catholique romaine condamnant définitivement et l'idéologie du genre et le prétendu mariage homosexuel.

    Bien entendu, il n'en a rien été.

    L'organisation a été confiée à deux niveaux de contrôle. Au premier niveau de contrôleplus au niveau des idées, on a eu recours à l'activisme du cardinal Kasper qui a écrit et diffusé des idées concernant le miséricorde en général et l'accession des divorcés remariés à la communion eucharistique en particulier. En rapprochant ces deux choses, on entend que le traitement actuel des divorcés remariés qui les exclut du droit à la communion, démontre une absence consternant de miséricorde kaspérienne.Les opinions se sont alors exacerbées entre ceux qui, comme l'évêque de Gand, voulaient se réserver de se marier avec un homme, et les cardinaux qui protestaient que le mariage était l'icône de la relation entre le Christ et l'Eglise. On s'accusait donc très gentiment de blasphème pour les uns et d'endurcissement du coeur pour les autres.

    L'affaire était donc particulièrement ... bien engagée !

    Dans une première Session, les évêques et cardinaux convoqués se sont écharpés entre les deux tendances, certains cherchant désespérément à courir aussi vite que le pape François semblait l'indiquer et d'autres absolument épouvantés, croyaient résister contre des menées sataniques. Le tout sous le regard particulièrement amusé du Cardinal Kasper et de ses amis italiens qui forment le noyau dur du mouvement autour du pape François ou bergoglionisme. Ce noyau bergoglien a constitué le second niveau de contrôle de l'organisation du Synode sur la Famille. Il s'est constitué autour de l'évêque italien Bruno Forte, chargé de surveiller les membres du Synode pour éviter qu'ils "déraillent" hors des limites prévues à la discussion par le pape François.

    Il y a eu des manipulations remarquables des rapports de groupe, lors du Synode, de sorte que le Cardinal Erdö, chargé par le pape François de faire la synthèse des débats, refusa de présente une partie de celle-ci, exigeant que ce soit le Secrétaire Forte qui le fasse. Ce que ce dernier fit. Si on excepte deux ou trois passages sur lequel l'attention des "conservateurs" se focalisa, le document ronronna une sorte de bouillie pour les chats sur l'excellence du mariage catholique, son apport essentiel à la société et à l'Eglise et autres choses du même genre. On se demande encore comment des gens aussi intelligents peuvent se réunir à autant pour produire une telle pauvreté.

    A quelques temps de là, un certain nombre de cardinaux se réunirent. Très vite repérés, ils furent pourchassés par les progressistes. Quelques lettres ou articles furent publiés notamment par Burke, Caffara, d'autres encore qui suppliaient que la doctrine catholique ne fut pas détruite par des menées aventureuses contraires à l'enseignement passé de l'Eglise. Jamais les progressistes n'avaient été à pareille fête depuis les travaux du Concile. Le pape François remit un peu d'ordre dans le débat, à la suite de quoi certains durent se retirer "à la campagne". Grosso modo, tout rentra dans l'ordre.

    Encore un peu de temps, et le pape François fit publier une Exhortation apostolique post-synodale Amoris Laetitia pour affirmer des pauvretés, comme " .... le parcours synodal a été d’une grande beauté et a offert beaucoup de lumière.", ou encore « le temps est supérieur à l’espace ». Outre une référence constante à la miséricorde telle que théorisée par le cardinal Kasper, le texte du pape François s'illustre par un relativisme moral dont il estime qu'il illustre cette miséricorde que l'Eglise, grâce au cardinal Kasper, vient tout juste de découvrir. Après 2000 ans.

    Les protestataires découvrirent alors un groupe de 6 paragraphes à la fin de Amoris Laetitia - paragraphes 300 à 305 - qui leur semblèrent le comble de la perversion. Ils décidèrent d'écrire une lettre au pape François (Traduction dispoinible dans un article de Sandro Magister, "Faire la clarté". L'appel de quatre cardinaux au pape) dans laquelle ils exprimèrent des doutes - techniquement en droit ecclésiastique, des dubia. En résumé, ces quatre cardinaux retraités demandèrent froidement au pape François s'il fallait tenir pour obsolète l'enseignement de Saint Jean-Paul II, grand spécialiste de la Famille. Diffusée en Septembre 2016, la Lettre des Quatre ne reçut aucune réponse du pape François. On peut penser que les quatre auteurs ont préparées leurs valises depuis.

    Le petit noyau qui "énerve" le pape François semble absolument ravi de la situation. Pour des broutilles, la vieille garde des ecclésiastiques "Jean-Paul II" et "Benoît XVI" s'est éliminée elle-même. La plupart du haut clergé a compris que tout déviant serait impitoyablement éliminé au nom de la Miséricorde de Kasper.

  5. L'affaire de Laudato Si

    Il s'agit d'une encyclique du Pape François concernant l'écologie en général et le réchauffement climatique en particulier. Alors que tant de catholiques concilaires ne croient plus en Dieu, le pape François a estimé que l'ouverture au monde exigeait que l'Eglise s'intègre au mouvement progressiste. Or, ainsi qu'on l'a montré, le mouvement progressiste se reconnaît dans le mythe du réchauffement climatique qu'il a entièrement fabriqué à coups médiatiques. Et le progressisme politique, aux Etats-Unis et par suite en Europe, a été particulièrement ravi par la teneur du texte de Laudato S. Après lecture, l'encyclique n'a strictement sans aucun intérêt religieux. Dans la production médiatique progressiste, l'encyclique n'apporte strictement rien d'appréciable. Il est par ailleurs rédigé dans une langue épaisse, destinée essentiellement à la compréhension de quelques centaines d'ecclésiastiques. Par contre, il s'agit d'un document essentiel pour les fonctionnaires qui souhaitent faire carrière dans les rangs de la cléricature vaticane.

    On ne s'attardera pas à ce texte fumeux qui traduit en langue de buis - en langue ecclésiastique - ce qui est très bien écrit dans les brochures de Greenpeace ou de l'Onu, dans les colonnes de The New York Times ou du quotidien Le Monde. Après quelques articles louangeurs dans la presse athée, quelques gloses enamourées chez les écologistes catholiques ravis - il y en a eu - le silence est retombé sur ce texte prétentieux.

    Jusqu'à ce que un retraité de la théologie de la Libération ne fasse des déclarations éclairantes dans un entretien publié en allemand dans le quotidien Kölner Stadt Anzeiger : Leonardo Boff im Interview „Papst Franziskus ist einer von uns“, publié le 25 décembre 2016, soit 18 mois après la publication de Laudato Si. Boff - qui est un ex-prêtre et l'un des deux grands auteurs de la théologie de la liération - dit deux choses parmi d'autres. D'abord que le pape François est un membre du groupe qui a développé et promu la théologie de la libération contre laquelle Jean-Paul II et Benoît XVI ont lutté tant qu'ils ont pu. Ensuite que le pape François a demandé à Leonardo Boff des matériaux pour la rédaction de l'encyclique Laudato Si. Que Boff est très fier d'avoir transmis au pape par l'entremise d'un ami commun, ambassadeur argentin.

    Il n'y a rien de plus à ajouter.

  6. L'affaire du rituel du Lavement des pieds et le cardinal Sarah

    Pour un historique des cérémonies présidées par le pape François à ce sujet, on se reporte à un article de Sandro Magister :

    Le jeudi saint de 2013, à la prison pour mineurs de Casal del Marmo, à Rome, le pape avait lavé les pieds même à des chrétiens orthodoxes et à des musulmans. Il y avait, parmi ces derniers, une jeune serbe.
    Le jeudi saint de 2014, au centre "Santa Maria della Provvidenza" qui accueille des handicapés de tous âges et est géré par la Fondation Don Gnocchi, François avait lavé les pieds non seulement à quatre femmes mais aussi à un Libyen de religion musulmane.
    Enfin, le jeudi saint de 2015, à la prison romaine de Rebibbia, parmi les six hommes et les six femmes à qui le pape avait lavé les pieds, on avait remarqué la show-girl congolaise Silvy Lubamba et surtout le transsexuel brésilien Isabel.

    En 2014, il intime l'ordre par lettre au cardinal Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte divin, de promulguer un décret ouvrant à toute personne le droit d'être l'objet du lavement des pieds le soir du Jeudi Saint. Le cardinal Sarah temporise et finit par publier le 6 janvier 2016 le décret exigé en même temps que la lettre du pape François pour marquer son désaccord.

    Le décret, reprenant les termes de la lettre du pape François ouvre le droit au Lavement des pieds à tout membre du peuple de Dieu. Or, l'expression de peuple de Dieu depuis Vatican II est synonyme de peuple des baptisés. Or, on l'a rappelé au début, le pape François lave les pieds des athées et des membres d'autres religions, essentiellement musulmane. Il est très classique dans le mouvement ecclésiastique progressiste de tenir toute personne, baptisée ou non, comme membre du peuple de Dieu. C'est en ce sens, semble t'il, que le pape François entend l'expression.

    Le cardinal Sarah n'a pas mâché ses mots concernant la sauvegarde de la doctrine de l'Eglise en publiant deux livres depuis l'avènement du pape François. Mais, il n'a pas produit de commentaire clair au sujet du nouveau rituel du Lavement des pieds.

  7. L'élimination du Cardinal Burke

    Le cardinal Burke est un évêque américain nommé par Benoîit XVI. Il est appelé à la Curie en 2010 et notamment à la tête du Tribunal de la Signature Apostolique. Lors du Synode sur la Famille, il fait partie des opposants réputés conservateurs à la ligne du pape François qui le démet de sa fonction et le nomme auùmonier de l'Ordre de Malte. Depuis, il est l'un des rares auteurs critiques de la ligne du pape François et très attaqué par le mouvement progressiste pour son conservatisme bloqué sur l'enseignement de Jean-Paul II et de Benoît XVI.

  8. Le lien du pape François avec la Théologie de la Libération

    Le pape François a très peu publié d'ouvrages. Chez Eyrolles, quatre titres, chez Fayard, un titre. Il s'agit d'ouvrages de circonstances sans aucune réflexion. Ses principaux écrits disponibles sont des sermons pratiques du temps de son archevêché de Buenos Aires et sur le site du Vatican depuis qu'il est pape et dont il n'est pas forcément le rédacteur. Dans ces textes très médiocres, il illustre essentiellement une sympathie pour les mouvements progressistes et populaires. On a qualifié sa théologie de "théologie du peuple" parce qu'il existerait un mouvement dérivé de celui de la théologie de la libération qui porte cette étiquette. Et Leonardo Boff le reconnaît comme un associé de la théologie de la Libération. Tout reste à analyser à ce propos. Mais, très clairement, tout ce qui compte de progressiste se reconnaît facilement dans les foucades du pape François, tandis que les conservateurs voient d'un mauvais oeil ses principales décisions ou déclarations.

    Si ses "sympathies" avec le progressisme sont patentes, elles s'expriment souvent par un mépris considérable à l'encontre de la richesse et des institutions de la richesse moderne ainsi qu'à une glorification de la misère et de la pauvreté. Mais, ainsi que plusieurs commentateurs l'ont noté, il s'agit d'une ruse de communication, parce que l'on ne compte pas le nombre de visites clandestines au Vatican d'individus richissimes - essentiellement, il s'agit d'industriels et de banquiers occidentaux - qui financent le Vatican du pape François, ce qu'ils n'avaient jamais envisagé du temps des papes précédents.

  9. L'influence du cardinal Kasper et son idéologie de la miséricorde

    Le cardinal Kasper est "l'héritier" universitaire d'un vieux briscard du progressisme concilaire, l'ex-prêtre Hans Küng, lui-même lié à Ratzinger dont il a appuyé les premiers pas universitaires à Tübingen. Nous n'avons pas d'indications précises, mais il est probable que Ratzinger était à l'époque beaucoup plus proche du progressisme. On sait qu'il avait alors signé un manifeste pour le mariage des prêtres. Ultérieurement, Ratzinger est revenu à une perception conservatrice de la doctrine de l'Eglise. Ce revirement a été très mal accueilli, en Allemagne notamment. Ceci explique une partie de ses difficultés comme pape Benoît XVI.

    Pour revenir au cardinal Kasper, ce dernier - bien que progressiste alors que Jean-Paul II était tenu pour un réactionnaire - a été promu par Jean-Paul II. Il a entretenu plusieurs polémiques avec le cardinal Ratzinger, lorsque ce dernier était préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF). Ils ont polimiqué par exemple sur l'autonomie des "Eglises" locales relativement à Rome. La polémique a été vive aussi sur plusieurs autres points comportant le célibat ecclésiastique et l'accès à la communion des divorcés remariés qui sont des sujets sur lesquels Kasper est en train de triompher de son vieil adversaire auprès du pape François.

    Au cours des années 2010, le cardinal Kasper est conduit par des circonstances à réfléchir au thème de la miséricorde. Il est envahi par le sentiment que c'est une question à traiter de manière entièrement nouvelle. Il explique cette "conversion" ou ce "chemin de Damas" dans une conférence prononcée en français au Collège des Bernardins et disponible sur le site Internet de cette institution.

    Il publie alors en Italie un livre sur le thème de la Miséricorde. Ce livre est lu par le pape François en 2013. Ce dernier lors d'une audience se livre à un dithyrambe sur le livre et son auteur et de fait, le thème de la miséricorde kaspérienne est largement traité dans la plupart des textes publiés depuis par le pape François. Sur le site des Bernardins, on peut lire ces deux citations :

    Pape François : « Le Cardinal Kasper disait que l’expérience de la Miséricorde change tout. C’est la plus belle parole que nous puissions entendre : elle change le monde. Un peu de miséricorde rend le monde moins froid et plus juste. Il nous faut bien comprendre cette miséricorde de Dieu, ce Père miséricordieux qui a tant de patience... Rappelons-nous du prophète Isaïe, qui affirmait que même si nos péchés étaient rouges comme l’écarlate, l’amour de Dieu les rendrait blancs comme la neige. C’est beau, la miséricorde ! » (Paroles prononcées lors de son premier angélus, place Saint Pierre, le 17 mars 2013).

    « Je constatai que la miséricorde, pourtant si centrale dans la Bible, était largement tombée dans l’oubli dans la théologie systématique (...). C’est pourquoi le présent ouvrage cherche à allier la pensée théolo- gique à des réflexions spirituelles, pastorales et même sociales pour les relier à une culture de la misé- ricorde. » Cardinal W. Kasper

    Il est étrange qu'aucun des critiques conservateurs des actes du pape François ne semble avoir songé à décrypter les intentions de l'idéologie de la miséricorde kaspérienne. D'ailleurs, nous n'avons trouvé aucun article critique de l'ouvrage qui semble d'ailleurs n'avoir aucun écho autre que la sympathie du pape François et sa reprise probable par lui.

  10. Les liens du pape François avec les media progressistes

    Les relations du pape Jean-Paul II avec plusieurs journalistes étaient connues. On pense à Vittorio Messori. Pour le pape Benoît XVI, on pense à Peter Seewald. Les relations des papes avec la presse sont connues depuis longtemps et se sont développées avec la désacralisation du pontife romain décidée par Jean-Paul II. Il renonce au "Nous" et à de nombreux témoignages de soumission qui étaient autrefois exigés des gens qui abordaient le pape. Ceci a évidemment favorisé les relations avec la presse.

    Dans le cas du pape François, toutes ces choses ont été décuplées. Mais, la chose la plus remarquable vient du choix affirmé des orientations idéologiques de ses interlocuteurs. Dès les premiers jours de son pontificat, le pape François a confié ses impressions de nouveau pape à un socialiste italien, Eugenio Scalfari, animateur d'un quotidien romain réputé pour son progressisme et même son anti-cléricalisme, la Repubblica. Le 4 septembre 2014, le pape François écrit à Scalfari DIALOGUE OUVERT AVEC LES NON CROYANTS. (sur le site du Vatican) . Il explique que l'Eglise doit aller vers les périphéries, c'est-à-dire dans son vocabulaire imagé qu'Elle ne doit plus s'intéresser à ceux qui sont à l'intérieur, mais plutôt à ceux qui sont à l'extérieur : les athées, les autres religions, les pauvres, les malades.

    La posture bénévole du pape François repose sur l'assertion mensongère que, dans l'Eglise, il n'y a pas d'athée, pas d'infiltrés d'autres religions, que l'Eglise ne compte que des riches et que des bien-portants. Il en résulte que les catholiques n'ont, par leur état même, strictement aucune espèce d'importance pour les mandarins de l'Eglise de Rome.

    Cette posture - désignons là par l'expression d'extravertisme - est très bien perçue par les média progressistes. En réalité, cette posture du pape François a déjà été illustrée par de nombreux ecclésiastiques depuis plusieurs dizaines d'années. Les mandarins de l''Eglise du temps de Vatican II se gobergeaient dans leurs palais dorés de "l'option préférentielle pour les pauvres". Et les media avaient "adoré" cette Eglise qui semblait ainsi se soumettre au monde qu'elle avait pourtant mission de combattre. L'organisation ecclésiastique laissait suggérer ainsi qu'elle rejoignait le mouvement progressiste qui consiste à rejeter toute transcendance et au contraire à rendre obligatoire aux chrétiens la mondanité, qui consiste à oublier les choses du Christ au profit des biens de ce monde.

    Avec sa communication orientée par et vers les media progressistes, le pape François s'est assuré d'un capital de sympathie qui est diffusé et promu par les media ravis.

    Mais ce que l'on ne dit pas, c'est que le pape François ne suscite absolument aucun engouement auprès des masses catholiques. Au contraire.

    Plusieurs observateurs ont remarqué que les pélerinages vers Rome qui étaient devenus systématiques du temps de Jean-Paul II, s'étaient un peu ralenti du temps de Benoît XVI. Depuis l'avènement du pape François, la chute est remarquée par certains commentateurs.
    ...cela donne les résultats suivants rappelés par Antonio Socci en Italie : « Moins 30 % en un an, c’est un effondrement vertical. Même effondrement pour la présence aux Angélus du pape : 150 000 pèlerins contre 390 000 pour la même période en 2014. La cérémonie d’ouverture du Jubilé, le 8 décembre, qui a été suivie par la moitié de l’assistance prévue (50 000 personnes) a elle aussi été un flop. »

    Socci poursuit : « Dans les chiffres sur la fréquentation des audiences papales que la Préfecture de la Maison pontificale a fournis – comme c’est la tradition – pour la centième audience de Bergoglio, la chose la plus claire est l’effondrement qui s’est vérifié entre la première et la troisième année de son pontificat : 1 548 500 présences aux 30 audiences de 2013, 1 199 000 présences aux 43 audiences de 2014 et – attention – 400 100 présences aux 27 audiences tenues jusqu’au 26 Août 2015. »

    Source : La chute de François et de la théologie en calotte courte, par Nicolas Bonnal.

    Bien entendu, ces chiffres seraient démentis par les services du Vatican et leurs diffuseurs accusés d'anti-cléricalisme peut être, d'êtres des conservateurs récationnaires plus sûrement. Mais, le peuple chrétien ne s'est pas trompé sur la "pastorale" du pape François. C'est celle du berger qui pactise avec les loups.


Revue THOMAS
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