Présidentielles 2017 - Remarques sur un sondage

Philippe Brindet - 30.01.2017

Le Figaro publie un sondage Kantar sur les intentions de vote au premier tour de la Présidentielle 2017. Si on utilise des étiquettes partisanes classiques les candidats de gauche comprennent Artaud, Poutou, Mélanchon, Hamon et Macron. Ils représentent 39% des intentions de vote. Les candidats de droite regroupent, Fillon, Dupont-Aignan, Le Pen et Cheminade soit 61%. Mais en grande masses la gauche a 3 candidats et la droite 2.

Or, les étiquettes de droite ou de gauche seraient de moins en moins précises. Disparition de la classe ouvrière, hégémonie du libéralisme, déception des classes populaires par l'offre électorale étiquettée à gauche, ...

Si on prend l'électorat supposé de Le Pen, beaucoup de commentateurs conviennent qu'il comprend de très nombreux électeurs de gauche, des électeurs qui ne voteraient sûrement pas pour Macron, mais peut être pour Mélanchon ou pour Hamon. De ce fait, certains électeurs de Le Pen prévus au premier tour pourrait lui manquer. Si on fait de même pour Fillon, on doit convenir que les anciens partisans de Juppé, de Bayrou, de Le Maire, de NKM ou de Lagarde sont bien plus en sympathie avec le programme de Macron qu'avec celui de Fillon. Ils ne voteront peut être pas pour le programme Hamon, encore moins pour le programme Mélanchon. Mais peut être pour le programme Macron, surtout si ce dernier parvient, avec l'aide de la presse, à faire oublier qu'il a été un ministre docile de Hollande et que ses mesurettes économiques ont été un véritable "somnifère" politique et d'une inefficacité économique redoutable.

A gauche, on ne voit pas d'électeurs de Macron ou de Valls, ou des autres candidats malheureux à la primaire du PS voter pour Le Pen. Ces électeurs sont encore sous la dépendance de la diabolisation du "FN et de ses idées". Voteront ils pour Fillon contre Le Pen ? C'est possible, mais pas forcément en masse. Par contre, plus à gauche, comme chez Hamon ou Mélanchon, très peu se reporteraient sur Fillon et peut être pas beaucoup sur Macron, les autres allant à Le Pen, parce qu'elle est une candidate "nouvelle" en ce sens qu'elle n'a pas gouverné.

Il semble donc que la prévision de premier tour par Kantar semble assez menacée. Ce serait le cas si Fillon perd beaucoup de juppéistes et de centristes au profit de Macron. Mais, l'écrasante victoire de Fillon à la primaire de la Doite et du Centre, montre que cette fraction ne serait pas bien virulente ... Ou symétriquement, si Macron a été surestimé par les sondeurs - ce qui est une hypothèse plausible - Fillon pourrait le devancer et aussi recevoir une fraction "légaliste" d'électeurs crédités par les sondeurs à Le Pen, qui seraient effrayés par son extrêmisme.

Quant à la prévision de second tour, pour autant que Le Pen y parvienne en tête, sa défaite contre Fillon ou contre Macron n'est peut être pas aussi décidée que cela.

Opposée à Fillon, beaucoup d'électeurs de Macron et de Valls se reporteront sur lui, réalisant l'opération inattendue de Chirac contre Le Pen en 2002.

Opposée à Macron, les électeurs de Fillon pourraient se reporter en grande partie sur elle. Je sais cependant, que, contre cette hypothèse, il y a la crainte de la diabolisation de Le Pen, très prégnante dans l'électorat de Fillon, assez âgé et peu avancé dans les classes populaires. Mais, leur détestation de Macron et de son libéral socialisme encore fortement "caché" et que Fillon sera obligé de dénoncer lors de la campagne pour le premier tour, pourrait jouer a contrario. Pour finir sur le risque de chute de Macron au second tour, Macron fait campagne à gauche, parmi la gauche avec une tentative vers les centristes dont l'effet n'est pas certain. Or, la gauche pèse 39%, pas 49%, de sorte qu'au second tour, un duel Le Pen - Macron peut très difficilement se terminer par une victoire de Macron. Sauf à admettre que Le Pen est à gauche, ce qui n'est encore pas admis par Le Pen, mais révélé par l'origine d'une partie importante de son électorat.

Tout va dépendre de la lutte entre Maréchal-Le Pen et Philippot et du positionnement de la parole de Le Pen lors de sa campagne qu'elle n'a toujours pas réellement commencée.

En fait, même battue au premier tour, Le Pen pourrait encore l'emporter au second. Ou ne même pas être élue au premier tour ... notamment si Hamon et Mélanchon parviennent à reprendre les voix de gauche qui se sont portées au fil des années vers elle.