La justice et la république - Le cas Fillon

Philippe Brindet - 14 mars 2017

Affriolée, la presse annonce que ce jour, François Fillon, candidat à la présidence de la République, Député, ancien Premier Ministre a été mis en examen par trois juges d'instructions pour détournement d'argent public et autres délits connexes dans l'affaire de l'emploi d'assistante parlementaire que l'on sait.

Les faits sont absolument dérisoires et ridicules relativement à l'importance de l'élection présidentielle dont le cour en est violemment ébranlé. Leur qualification est actuellement complètement infondée de sorte que la mise en examen par instruction semble ne même pas être juridiquement fondée.

Nous ignorons absolument si Monsieur Fillon est coupable des délits qui lui sont reprochés. Mais, aucune des informations données ne conduit à penser que les qualifications retenues par les magistrats soient fondées.

La question n'est pas là.


Il y a plus de deux siècles, le 22 mai 1786 s'ouvrait à Paris le procès dit du Collier de la Reine, dans lequel un homme de premier plan, le cardinal de Rohan était mis en examen à tort, et le Roi et la Reine étaient en fait soupçonnés de complicité.

Les faits sont bien connus et n'ont pas grand chose à voir avec l'affaire Fillon.

Mais, le dérisoire des faits du Collier de la Reine alors que la Révolution va éclater 3 ans plus tard, le discrédit effrayant qui s'empara de la classe politique de l'époque fut immense. Et la raison fut que les juges de l'époque voulurent rappeler à la classe politique qu'ils étaient aussi importants qu'elle ...

Goethe écrivit dans sa Correspondance :

« Cet évènement me remplit d'épouvante, comme l'aurait fait la tête de Méduse. ... Ces intrigues détruisirent la dignité royale. Aussi l’histoire du collier forme-t-elle la préface immédiate de la Révolution. Elle en est le fondement… »


Le jeu pervers joué par les activistes, les journalistes et les magistrats dans l'affaire Fillon, mais aussi dans les affaires Le Pen et Macron, moins avancées peut être, ressemble beaucoup à celui qui fut joué avant la Révolution. Lorsque l'on détruit la confiance et l'harmonie minimales qui doivent exister dans une société donnée, l'Etat s'effondre inexorablement dans des convulsions terribles. Tout cela pour satisfaire les égos de gens qui ne sont pas à la hauteur de l'heure.

Pour qu'on ne m'accuse pas d'esprit partisan - et après tout pourquoi pas ? - je veux déclarer que l'histoire de Monsieur Fillon et son programme présidentiel ne l'engage pas à le soutenir. Mais, lâcher la bride à des sentiments misérables n'est jamais bon pour le régime dans lequel nous vivons.

Est-ce vraiment vers une présidentielle que nous allons, ou bien vers autre chose de fâcheux ?