Les projets d'embauche en France

Philippe Brindet - 20.04.2017

Pôle Emploi et le Crédoc viennent de publier dans la presse un tableau décrivant une "Enquête sur les besoins en main d'oeuvre en 2017".

Cette enquête totalise 867 686 projets d'embauche pour cette année.

On en est tout étourdi comme un gosse entrant dans un magasin de friandises. Mais, si l'on regarde de près la "marchandise" des offres d'emploi on se rend compte qu'elles se répartissent en trois catégories :

A : aucune formation générale nécessaire, formation professionnelle initiale de moins de six mois ;
B : formation générale de niveau brevet, formation professionnelle initiale de moins de un an ;
C : formation générale de niveau baccalauréat, formation professionnelle de moins de deux ans.
On aboutit alors à la statistique suivante :
Emplois non qualifiés405.73646.7%
Emplois peu qualifiés428.86449,4%
Emplois qualifiés33.4463,9%
total 2017867.686

Par ailleurs, les auteurs de l'Enquête reconnaissent en s'en félicitant que 58% de ces emplois sont en fait des emplois durables. Ce qui signifient que 42% de ces projets d'embauche sont des emplois saisonniers, intermittents.

Si on regarde maintenant les espérances de salaire de ces projets d'embauche d'après le niveau de formation requis, on obtient le tableau suivant

Type emploiSalaire mensuel
brut unitaire (€)
Emplois non qualifiés1.400
Emplois peu qualifiés1.800
Emplois qualifiés2.400

Les projets d'embauche 2017 visés par Pôle Emploi concernent donc presque exclusivement des emplois non ou peu qualifiés. Or, le système éducatif produit des gens qui estiment avoir atteints pour la plupart un niveau au moins égal à celui du baccalauréat. Les emplois proposés sont donc de niveau très inférieur ce qui produira évidemment une immense frustration parmi les sortants de l'école française.

De plus, ces emplois non ou peu qualifiés sont actuellement payés au minimum possible, sur des durées insuffisantes pour vivre décemment dans plus de la moitié des cas. Il est presque impossible de vivre sur de telles bases, et particulièrement dans les villes importantes. Là aussi, d'immenses frustrations sont en train de monter.

Enfin, les politiciens et les médias nous ont rebattus les oreilles au sujet des nouvelles technologies. Elles sont en effet identifiées parmi les rares projets d'embauche de niveau qualifié et représentent probablement moins de 2% des projets d'embauche 2017 de Pôle Emploi. Les nouvelles technologies sont donc une tromperie quant à leur prétendu effet d'emplois nouveaux.

Il est donc impossible de ressentir le moindre enthousiasme sur l'avenir proche de la situation sociale en France.


Revue THOMAS (c) 2017