Macron, président. Le peuple renvoyé à sa place.

Philippe BRINDET - 07.05.2017

Emmanuel Macron a été élu par deux français sur trois. La classe politique se range presque entièrement sous sa férule.

Où Macron emmène t'il la France

Le programme d'un président ne présente pas un grand intérêt politique, sauf à identifier électoralisme et politique. Il n'y a pas lieu donc de se reporter à un document qui va prendre la poussière. Certains s'amuseront - et amuseront le public - en disputant pour savoir si Macron aura réalisé t % de son programme après x mois de règne. C'est presque sans importance.

La réalité conduit l'analyste à regarder en face ce qui constitue l'idéologie qui agite l'institution qui porte aujourd'hui le nom de Macron.

Monsieur Macron est - bien qu'il affirme de plus en plus chaudement qu'il ne l'est pas - un socialiste. Mais, attention. C'est un socialiste "présentable" dans un salon convenable. Comme presque tout ce qui subsiste et qui agite plus ou moins effrontément le drapeau du socialisme. Il est devenu depuis Mitterand, presque intégralement burgeois et réformiste. Et Macron est la forme bien pire que Hollande ou que - en son temps - Blair. QUelqu'un de très "présentable". Allié du meilleur monde de la finance et des affaires.

C'est pourtant de cet univers que sort tout ce qui nous a conduit au désastre : le progressisme qui n'est ni de droite, ni de gauche - Coluche avait été sans pitié pour cet ectoplasmie - la loghorrée idéologique qui mêle selon des règles imposées par la publicité et le marketing politique, des slogans et des clichés qui excitent dan sle pubic méprisé des consommateurs politiques les "valeurs" qui permet de les rallier à n'importe quelle folie qui procure un avantage à ceux qui manoeuvrent la politique et les politiciens.

Quels sont les buts ultimes de ceux qui dirigent Macron ?

Le premier but est de réduire la richesse des français. C'est essentiel pour des raisons bien compréhensibles :
  1. La pauvreté empêche un individu et ses proches de parvenir à une forme d'indépendance qui s'appelle dans les sociétés développées la liberté. Sans une richesse minimale, la liberté est un leurre, une tromperie sociale. Dans une société pauvre, les individus sont désagrégés de leurs relations naturelles - famille (divorces) , entreprise (faillite, chômage), localité (exodes, travail détaché, mobilité) , pays (émigration, immigration), ... - et ne disposent plus de moyens pour décider de leur sort. Ils doivent s'en remettre à des maîtres. Macron sait cela et avec lui les grands patrons qui ont permis son élection et qui l'ont fanatiquement soutenu. Ils ont besoin pour péréniser leur pouvoir d'appauvrir davantage ceux qui ne sont pas "eux", les déviants, les contestataires, les marginaux, les originaux, les créateurs, les inventeurs, ... Pire encore, les puissants qui nous gouvernent ont besoin d'être peu nombreux et de disposer d'une masse serve que l'on peut éliminer quand elle s'est trop reproduite pour les nécessités de la classe dirigeante.
  2. La structure du monde tend depuis quarante ans vers la domination exclusive des Etats-Unis. Cette structure du monde exige que les Etats qui entrent dans l'orbite des Etats-Unis soient aussi pauvres que possible et, de préférence, d'une richesse proche d'une valeur moyenne très inférieure à celle des Etats-Unis. Cette pauvreté des Etats satellites des Etats-Unis assure ces derniers qu'aucun d'eux ne pourra s'allier en aucune façon avec d'autres pour constituer un ou plusieurs pôles de résistance à l'hégémonie des Etats-Unis. C'est exactement ce que recherchent les Etats-Unis avec la Russie ou la Chine : éliminer toute richesse ouvrant un risque d'indépendance et au contraire, développer les interdépendances pour régner.

Pour contester une telle analyse, certains affirment que des pauvres peuvent se révolter. C'est la thèse du socialisme populaire, comme celui de Mélanchon qui vient de la longue histoire qui va de Robespierre à Trotsky en passant par Jaurès et Kérensky. Mais les moyens modernes de police permettent de mettre en place une surveillance qui permet de contrôler de telles vélléités qui dans nos sociétés modernes deviennent sans avenir. Lorsque le pouvoir détecte la montée d'un mouvement contestataire, la solution la plus simple consiste à appauvrir la fraction de la société qui semble initier une révolte. D'ailleurs, les pauvres ne sont que très rarement parvenus à remporter une lutte contre le pouvoir. Le plus souvent, le pouvoir a amorcé une mutation qui l'a adapté aux conditions nouvelles et la plupart des révolutions que l'on présente comme le triomphe de revendications populaires consacrent en fait une mue du pouvoir. Ce fut le cas de la Révolution française qui vit la noblesse se muer en bourgeoisie, mouvement qu'elle avait amorcé avant les révoltes caractéristiques de la Révolution et qu'elle termina après.

La même contestation porte sur l'analyse d'une révolte contre le monde unipolaire, lutte menée notamment par la Russie, mais aussi par la Chine et dans une certaine extension, par l'Inde et dans une mesure encore moindre avec l'Europe.

Macron est chargé de maintenir le chômage, et peut être de l'aggarver même s'il est capable de faire croire à un changement sociétal de travail en déguisant le chômage en éducation, formation, travail bénévole, travail partiel, tous concourrant à réduire les revenus du travail. Il est chargé d'augmenter encore la dépendance de la France dans de nombreux secteurs économiques de façon à rendre irréversible le mouvement de mondialisation appauvrissante. Il est chargé d'étouffer les vélléités de souveraineté de la France en lui retirant les moyens de mener une politique propre, même en coopération avec d'autres Etats égaux en droits. Ce mouvement très typique du mouvement européen assurera la miscibilité de l'espace européen avec des espaces plus pauvres, comme celui du monde islamique qui est destiné à la contrôler pour le compte des Etats-Unis.

Ne cherchez pas cela dans son programme. C'est la réalité qui existe et que l'Histoire révèlera.

Le pari illusoire du renouveau politique

La majeure partie de la classe politique professionnelle a compris plusieurs choses :

  1. elle est largement déconsidérée dans l'esprit des gens ;
  2. elle est en faillite quelque soit les solutions qu'elle a tenté d'imposer depuis plus de trente ans, les puissants le lui ont fait récemment comprendre en rompant les alliances cachées d'autrefois et en choisissant Macron qui ne faisait pas vraiment partie des "pointures" de cette classe politique honnie ;
  3. une partie d'entre ses membres admet la faillite de la dialectique droite - gauche, d'autres croient à son caractère opérationnelle - ils sont de "gauche" et les autres, les salauds, sont de droite ;

Il s'ensuit que les politiciens qui admettent la faillite rejoindront Macron et ses prébendes. Il est probable que leurs réputations ne s'améliorera pas. Les autres vont tenter une offre alternative qui sera lourdement grevée par un bilan catastrophique que le camp macronien ne manquera pas d'exploiter.

La faillite du Front National

Marine Le Pen a mené une campagne offensive. En soi, ce n'est pas mal. Mais, elle s'est laissée entraîner par les vieilles tactiques de son parti qui la condamnaient à la posture d'une opposante sans espoir d'atteindre le pouvoir.

Les deux défauts de Mme Le Pen nous semblent avoir été :

  1. Croire que la colère des Français servait de pensée politique
  2. Croire que le contraire d'une erreur de ses adversaires était une vérité politique propre à son projet.

La critique de l'Europe sur son échec économique et sur l'atteinte aux quatre souverainetés était une bonne analyse politique. Ce n'était pas un programme. Elle le comprit sur la fin en renvoyant à une discussion avec nos partenaires européens, ce qui lui économisait la peine d'exposer un programme crédible. Rien que de "sortir de l'euro" présente des difficultés techniques probablement impossible à présenter dans un programme électoral.

A l'inverse, Macron n'avait aucune mesure à expliciter. Il fut élu. La leçon de ces présidentielles c'est que le président au projet le plus simple est celui qui est élu.


Revue THOMAS (c) 2017