Le vertige macronien - Réflexions sur la "complexité".

Philippe Brindet - 18 juillet 2017

Une chose surprend dans l'affaire Macron - vous savez ce hold-up qui a réussi sur la rue du Faubourd Saint-Honoré.

Comment les commentateurs ne comprennent ils pas que Macron est essentiellement un acteur. Oui. Un théâtreux comme on disait avec horreur dans la bourgeoisie de province du 19° siècle.

C'est vrai qu'avec son oeil vif et son sourire cynique, on le verrait bien sortir des "grandes écoles". Il n'en a fait aucune. Sciences Po' et l'ENA ne sont plus depuis longtemps de "grandes écoles". Il s'agit plutôt de clubs dans lesquels la classe politique se reproduit par parthénogénèse idéologique.

La presse étrangère, après avoir été dithyrambique à son sujet, commence à être habitée par le doute. The Washington Post est très inquiet de l'avenir de son poulain Macron, depuis qu'il a reçu Donald Trump et Wladimir Poutine. Avec le grotesque New York Times, The Washington Post se demande gravement si Macron est encore un "progressist" (en anglais dans le texte). Cela a tout d'un lâchage ...

La réception de Poutine dans la Galerie des Glaces ? Du théâtre.

La réception du Congrès au Palais Royal de Versailles ? Du théâtre.

La réception des époux Trump au Défilé du Quatorze-Juillet ? Du théâtre.

Dans Die Tagespost, Jürgen Liminski estime que Macron se prend pour le Roi-Soleil, une sorte de Louis XIV de la modernité. Il a repère les tics et les slogans caractéristiques d'un monarque tout puissant. En particulier, Liminski a noté que, lors d'un discours aux Armées, parlant des soldats qui sacrifient leur vie à leur devoir et à leur honneur, il les a appelés "Mes hommes" ... Ce n'est plus le Roi-Soleil, c'est la représentation du Roi-Soleil jouée par la fatuité d'un acteur amateur.

D'autres commentateurs commencent, avec Liminski d'ailleurs, à lister les slogans et les mots politiques de Macron. Un vide intersidéral qui se remplit de la force de l'acteur. Tant qu'on n'a pas reconnu l'acteur, le théâtre, dans le jeu politique de Macron, on ne peut pas comprendre sa "pensée complexe". L'acteur n'a aucune pensée. Il habite des mots, même vides de sens, de sa personnalité artistique. De l'art.

Mais, comme Liminski le souligne, non seulement le vide des mots politiques employés va résonner dans la dure réalité politique, mais, l'Histoire va se rappeler au bon souvenir des français. Et ce ne sera pas Louis XIV et ses publicistes. Qui était secrétaire général de l'Elysée sous Hollande ? Qui devint ministre de l'économie sous Hollande ?

Macron n'a aucun programme, aucun but politique. Il rejoue avec la fougue d'un jeune premier la mauvaise pièce de théâtre écrite pour un président "normal" qui n'a eu que des trous de mémoire. Parce que Hollande, lui sorti d'une "grande école", déjà était un vulgaire acteur. Bien plus médiocre que Macron. Empâté par la bonne chère et les maîtresses. Il aura été le Régent auquel succède un Louis XIV au port de tête altier.

Mais sortez l'acteur de son décor de théâtre. La magie disparaît et la réalité seule s'impose. On a retrouvé le casque de scooter oublié traînant sur le bureau de l'Elysée. La perruque poudrée et le manteau de cour seront retrouvés abandonnés sur une bergère ...

Et la réalité politique s'alourdit. Ce sont les collectivités territoriales menacées dans leurs finances et leurs autonomies féodales. C'est la Police qui, avant l'élection de Macron a dénoncé sa pauvreté. C'est l'armée qui hurle sa peur devant son désarmement. C'est la Justice qui hurle qu'elle ne peut plus assurer ses missions. C'est l'Education, aphone, malade et quasi agonisante qui ne dit plus rien. Et le peuple coincé entre la chute de ses revenus et la hausse de la fiscalité.

De quel vertige sera saisi l'acteur de l'Elysée le soir où, sifflé par les badauds du lamentable festival d'été de la politique politicienne, il découvrira que la réalité n'est pas du théâtre ?

Que se passera t'il quand Mélanchon lancera ses troupeaux de zadistes sur les Champs-Elysées ? Pas de police, plus d'armée, une justice bras croisés de faiblesse.

La pensée complexe du "Président" Macron, c'est un article de critique de théâtre rendu par le service de presse de l'Elysée pour "défendre" l'acteur. Prononcer des mots avec emphase, c'est bien. Mais quand on attend du sens, du vrai appuyé sur la réalité, on révoque en doute la complexité. Et l'acteur est un menteur qui n'a que le souffle des mots .... Quand on lui en demande compte que fait-il ? Il pâlit, se trouble, et ses jambes se dérobent ...


Revue THOMAS (c) 2017