Pourquoi la tentation indépendantiste en Europe Occidentale ?

Philippe Brindet - 03.10.2017+ 06.02.2019

Le récent référendum illégal sur l'indépendance de la Catalogne démontre une escalade politique.

La position récente de l'Ecosse concernant le Brexit, celle de l'Ulster pour la même raison sont encore dans les mémoires et peuvent à tout moment se rappeler au mauvais souvenir des légalistes.

On sait que certains Ländern allemands auraient des soucis séparatistes. Le riche Land de Bavière voit des courants politiques, peut-être minoritaires, qui estiment que la Bavière n'a pas à financer l'Allemagne des pauvres. Ici, l'illusion séparatiste est bloquée par le courant politique inverse de "solidarité" avec la nation allemande. Mais, que sait-on du futur des revendications minoritaires ?

Le régionalisme en France a fait un progrès certain lorsque le hollandisme a réduit à treize le nombre des Régions administratives en veillant à assurer des "cohérences" avec d'autres régions non françaises comme avec la Sarre, la Lombardie ou la Catalogne.

Selon un premier point de vue, les traités européens et ceux concernant l'OSCE et l'OTAN, condamnent la tentation régionaliste. Il s'agit en effet très clairement d'une atteinte à la souveraineté d'un Etat membre. Dans le cas de l'Espagne, la possible sécession de la Catalogne constitue une atteinte à sa souveraineté. Toute alliance de la Catalogne avec une autre entité soumise aux traités précités pourrait être aussi une atteinte à la souveraineté de l'Espagne, protégée par ces Traités.

Mais selon un autre point de vue, ces mêmes Traités prévoient une place au régionalisme, bien entendu sans aller jusqu'à l'indépendance. On peut citer l'institution européenne intitulée Comité européen des Régions, actuellement présidé par un Belge, Lambertz, et dans lequel les régions française détiendraient 24 sièges. Des menées régionalistes se font nécessairement jour dans une telle instance, d'autant plus qu'elle est doublée par d'autres institutions tout aussi "européennes" comme le Conseil des Communes et Régions d'Europe ("indépendant " des traités de l'Union Européenne), ou le projet Politique régionale de l'Union Européenne qui permet notamment à la Commission de Bruxelles de gouverner directement une alliance entre régions appartenant à des Etats membres différents sans en référer aux Etats nationaux.

Des menées de certaines organisations étrangères, américaines notamment, abritées derrière des ONGs aux buts les plus abracadabrants les uns que les autres, se font jour dans les régions européennes et, bien que nous n'ayons pas d'indication à ce propos, il est exclu de ne pas tenir compte de leurs actions, notamment en Catalogne, pour susciter des espérances d'indépendance relativement à l'état-nation auquel ces régions appartiennent.

On comprend que d'un côté le régionalisme est combattu, mais que de l'autre, il est encouragé. Il y a là une cause supplémentaire de déstabilisation et de faiblesse.

Pourquoi donc une tentation régionaliste ?

Dans le cas de la Catalogne, il existe deux incitations. La première incitation tient à l'histoire ancienne d'une volonté contrariée d'indépendance. On retrouve cette même histoire dans des régions proches comme le Pays Basque, la Corse, la Bretagne ou la Savoie. La seconde incitation tient au sentiment d'une supériorité culturelle bridée qui se forme autour de la langue catalane, et d'une supériorité économique, la croissance économique y étant plus forte que dans le reste de l'Espagne.

Si par dessus cela, des associations culturelles quadrillent correctement la population, si des ONG subversives travaillent en lien avec elles, alors, le ciment séparatiste peut prendre. Dans le cas de la Catalogne, l'école et l'Université seraient de puissants vecteurs de séparatisme dans la mesure où ces deux institutions propagent une langue propre à la Catalogne et développent la connaissance d'une Histoiore et d'une culture propres à la Catalogne, souvent en opposition avec le pouvoir castillan, selon certaines sources.

On voit donc que la tentation séparatiste basée sur le régionalisme est tout à fait vivace en Europe occidentale. Elle est encore combattue par le centralisme de l'Etat nation d'une part et par la politique principale, centrale de l'Union Européenne, d'autre part. Mais, on a vu qu'il existe une énergie centrifuge notable qui, pour résumer, qui se nourrit de circonstances locales culturelles et économiques, et de l'action d'organisations subversives.


Revue THOMAS (c) 2017