Les dernières foucades de Pape François

Philippe Brindet - 14.10.2017

On ne sait jamais desquelles il s'agit, les "dernières foucades" de Pape François. Et c'est très bien ainsi. Il est en effet temps que les catholiques et leurs amis tiennent pour sans aucune importance les déclarations de Pape François et de ses amis.

Aujourd'hui, de quoi s'agit-il ?

1 - Supprimer la peine de mort ...

Il y a quelques jours, Pape François a déclaré que la peine de mort était inadmissible à la lumière de l'Evangile. Comme l'Eglise a été jusqu'à présent un soutien - de moins en moins fervent, mais tout de même ...

Pour ce qui est de la peine de mort, il faut rappeler que l'Histoire montre qu el'Eglise n'a amais revendiqué le droit de mettre à mort qui que ce soit. Cependant, qu'elle soit universelle ou nationale, l'Eglise a toujours jusqu'à présent accordé le droit aux sociétés civiles de pratiquer la peine de mort. Elle a elle-même considéré que certains hérétiques et pécheurs qui ne renonçaient ni à leurs hérésies ni à leurs péchés devaient être pris à mort par le pouvoir civil.

Ce fut la position de l'Inquisition dans de nombreux cas. Ou celle de l'Eglise en France sous les derniers Rois comme le chevalier d ela Bare ou Damien, ou louis XVI ...qui fut exécuté avec l'accord de nombreux ecclésiastiques de la Convention Nationale ...

Ne cherchez surtout pas de grands principes philosophiques ou théologiques dans cette foucade de Pape François. Son mouvement est très simple. Les pays européens ont renoncés à la peine de mort comme un progrès des droits de l'homme. L'Eglise est une organisation de citoyens qui repsecte les droits d el'homme. Donc l'Eglise rejette la peine de mort.

Et comme l'Eglise des droits de l'homme est animée par l'esprit de l'Evangile, alors si elle ne rejetait pas la peine de mort l'Eglise ne serait pas fidèle à l'Evangile. Ce n'est pas plus compliqué que cela.

Sauf que l'Evangile sans la peine de mort, c'est un concept vide puisqu'il n'y a plus de Jésus qui subit la peine de mort.

Parce que si Jésus ne peut pas être condamné à mort parce que ce serait contraire à l'"esprit de l'Evangile", c'est donc qu'Il ne s'est jamais déclaré Fils de Dieu, pourtant raison pour laquelle la peine de mort a été prononcée.

Et de ce fait la religion de Pape François est une religion sans Fils de Dieu, et donc qui n'a nul besoin d'une peine de mort. Au contraire.

Maintenant, que les Etats européens et quelques autres aient renoncés à la peine de mort, je pense que cela a sauvé la vie de plusieurs dizaines d'innocents. En France, on évoquera Patrick Dils qui, sans la loi Badinter, aurait été condamné certainement deux fois à la peine de mort si on avait écouté ses juges ou les 7 accusés d'Outreau ... et combien d'autres. On notera cependant que les Etats-Unis appliquent intensément la peine de mort qu'ils font donner indistinctement aux condamnés par leur Justice et aux Noirs qui tombent sous le regard de leur Police. Et tout cela encore au titre des droits de l'homme ... A l'inverse, la Russie vouée aux gémonies par les Etats occidentaux sur lesquels l'Eglise de Pape François s'aligne, applique un moratoire strict, décidé par sa Cour Constitutionnelle prohibant la peine de mort ...

Mais selon Pape François, Jésus n'est pas le Fils de Dieu et Il a été injustement condamné à la peine de mort ... L'ennui, c'est que sa religion est sans Dieu, puisque Jésusl n'est pas Fils de Dieu ! Et de cette religion, nous n'en sommes pas.

2 - Amoris Laetitia est "thomiste" ...

Pape François a déclaré et fait déclarer de ci de là que son Exhortation Amoris Laetitia était "thomiste". C'est une blague répandue partout par Kasper et Schönborn et Müller semble donner du crédit à cette assertion autosatisfaite.

Lors de son récent voyage en Septembre en Amérique du Sud, rencontrant des Jésuites, il leur a expliqué que les évêques allemands avaient trouvé que Amoris Laetitia était "thomiste". Pape François chargeait ses sbires Jésuites d'expliquer aux abrutis qui se désignent comme catholiques, qu'ils devaient recevoir Amoris Laetitia puisque cette Lettre était "thomiste" ...

Par malheur, des abrutis qui en plus sont des thomistes professionnels - ils enseignent la théologie de S. Thomas d'Aquin, ont recherché les traces de thomisme dans Amoris Laetitia et n'en ont trouvé aucune, ni sur la forme, ni sur le fond.

De quoi s'agit-il ?

Amoris Laetitia est un texte pesant, élaboré pour Pape François sur la base des travaux d'un Synode sur la Famille, tenu en deux sessions au cours desquelles les ecclésiastiques convoqués se sont partagés entre ceux qui obéissaient aux motions de Pape François qui leur étaient transmises par le Secrétariat du Synode, commandé par un évêque italien, Bruno Forte, affidé de Pape François et ceux qui se sont épouvantés de plusieurs choses en effet condamnées sous les pontificats précédents à savoir la question des homosexuels et celle des divorcés-remariés.

Après quelques péripéties, bien rôdées par les techniques de manipulation de troupeaux ecclésiastiques déjà éprouvées lors du Concile Vatican II, le Synode a été conclu à l'avantage des motions de Pape François et on ne s'en étonnera qu'à moitié et pour la bonne règle ...

L'ennui, c'est que une minorité estomaquée par l'aplomb de la faction de Pape François de passer sur le corps gisant de la doctrine de Saint Jean-Paul II et accessoirement du pape émérite Benoît XVI, murmurait dans le dos des prélats ravis et superbes de la faction de Pape François. Conseillé par on ne sait qui, Pape François crût politique de reprendre les Actes du Synode et de les ré-écrire lui-même. Lui-même ou plutôt par l'intermédiaire d'une plume serve dont on a toujours le secret au Vatican.

Cette ré-écriture des Actes du Synode sur la Famille a été publiée comme Exhortation apostolique signée par Pape François, devenant ainsi un enseignement magistériel qui s'impose évidemment à la minorité même si elle est "estomaquée" ou conservatrice.

Pendant plus d'un an, la minorité a tourné et retourné les termes alambiqués de Pape François. Les conservateurs anciens adeptes de Jean-Paul II et de Benoit XVI n'ont pas pu ne pas remarquer que sur la question de l'accession des divorcés remariés à la Sainte Communion, Pape François écartait d'un trait de plume l'enseignement de S. Jean-Paul II dans son encyclique Familiaris Consortio, texte dans lequel ce dernier prétendait exprimer le magistère de l'Eglise de toujours et dans lequel l'accession à la Communion était fermée aux divorcés-remariés.

Mais, évidemment, Pape François n'est pas Jésuite pour rien. Il a tourné la chose de sorte que, faisant répliquer ses affidés aux critiques des conservateurs, il a pu faire croire que c'était seulement au terme d'un discernement contrôlé par les évêques, qu'un divorcé-remarié pouvait accéder à la Communion, de sorte que il lui semblait que l'enseignement constant de l'Eglise de toujours était sauvegardé. Mais comme ce discernement est celui de la conviction intime, les conservateurs en ont immédiatement déduits que les assassins pouvaient aussi avoir la conviction intime que leur meurtre était justifié ...

Comme par ailleurs les conservateurs ont toujours tenu en très haute estime Saint Thomas d'Aquin et sa théologie, l'affirmation - pourtant sans preuve - que Amoris Laetitia était thomiste était donc un régal de gourmet qui a du mettre au comble du contentement de soi le taquin Pape François.

Il semble que le cardinal Schönborn aurait soutenu le thomisme de Amoris Laetitia. Il n'a pas dit à quel titre. Cette chose a été récemment répétée par le cardinal Müller, pourtant chassé de son poste de Préfet de Congrégation, on ne sait trop pourquoi et lui non plus. Il a évoqué les questions 79 et 80 de la Tertia Parte de la Somme Théologique de Saint Thomas d'Aquin sans dire non plus comment et où elles étaient appliqués dans Amoris Laetitia.

Le problème, c'est que Pape François et ses affidés sont les meilleurs techniciens de la citation tronquée et détournée de son contexte, de sorte qu'il faut retenir dans ce thomisme de circonstances une manoeuvre supplémentaire pour semer la division parmi les croyants.

Pour équilibrer ce commentaire, il faut toutefois retenir que le texte de Amoris Laetitia ronronne un vocabulaire entendu cent fois dans l'Eglise de sorte que seul un lecteur soupçonneux, et particulièrement critique peut y trouver à redire. Les autres, et ceux qui ne l'ont pas lu, peuvent continuer à déclarer que Amoris Laetitia est thomiste ou catholique ou tout ce qui leur plaira.


Revue THOMAS (c) 2017