Le TPIY prononce sa dernière condamnation de prison à vie

Philippe Brindet - 23 Novembre 2017

Un condamné pour génocide et crimes de guerre

Le 23 novembre 2017, l'ex-général Mladic, Serbe, qui commandait à Sarajevo, et à Srbrenica, lors des guerres des Balkans, vient d'être reconnu coupable des chefs d'accusation retenus contre lui depuis dix-sept ans et a été condamné à la prison à vie. Ce Tribunal ad hoc fermera ses portes le 31 décembre 2017. Il s'agit donc de sa dernière condamnation.

Le général Mladic a été fait prisonnier par des forces de police serbe liées à l'OTAN et remis il y a un peu plus de six ans à un tribunal international, institué par les vainqueurs, le TPIY. Ce Tribunal a déjà condamné plusieurs responsables serbes dont le président Milosevic, aujourd'hui décédé.

Selon le journal Le Monde qui soutient la légitimité de ce jugement, il est désormais interdit de contester la réalité des crimes pour lesquels le TPIY s'est prononcé.

Un épisode de la Guerre des Balkans

Lorsqu'il s'est agi de légitimer l'intervention de l'OTAN lors de la guerre du Kosovo, le ministre allemand Scharping n'a pas craint de révéler un Plan Fer-à-cheval, - en allemand Hufeisen Plan - selon lequel les Serbes préparaient le génocide de la totalité de la population albanaise du Kosovo, par expulsion ou par nettoyage ethnique.

Repris par Le Monde, et utilisé par l'ensemble des pays membres de l'Otan, l'affirmation de l'existence du plan Fer-à-cheval permis de faire accepter à l'opinion publique le bombardement de la Yougoslavie par des avions de l'OTAN dont des avions de l'armée française.

Après une enquête poussé, la chaîne allemande ARD a démontré en 2001 que ce plan était un faux fabriqué sous l'autorité du chancelier Schröder.

Le sort de Mladic

Le Ministère des Affaires étrangères russe a dénoncé aujourd'hui comme "partiale et antiserbe" la condamnation à la prison à perpétuité de Ratko Mladic par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) aux Pays-Bas. Cette peine est dans la continuité de "la ligne politisée et biaisée qui a dominé le travail du TPIY depuis le début", at'il été complété.

Par ailleurs, Mladic, comme Milosevic, est le vaincu d'une guerre impitoyable. Il se trouve entre les mains de ses vainqueurs. Depuis que le monde est monde, le sort d'un vaincu est souvent difficile. Le général Mladic sait qu'il importe peu qu'il soit innocent ou coupable de ce que ses vainqueurs lui reprochent. "Vae victis" a déjà dit un grand Français, Brennus, rançonnant Rome qu'il avait occupé en 390 av. J. C. ....

Pour ce qui concerne la vérité en tant que telle, et la vérité historique particulièrement ici, on se bornera à rapporter la forgerie du Plan Fer-à-cheval, déjà produite par les vainqueurs dont la sincérité est donc difficile dans l'affaire Mladic. Les Romains n'avaient-ils pas un adage judiciaire que l'on répète encore chez nous : "fraus omnia corrompit" ...


Revue THOMAS (c) 2017