Pape François - un moralisateur planétaire

Philippe Brindet - 30.11.2017

Pape François a décidé de voyager en Birmanie. Bien. Selon toutes vraisemblances - et à moins que la crise des "Rohingas" ait été fomentée pour provoquer ce voyage, ce qui est invraisemblable bien qu'on ait connu pire - il s'est trouvé en relation avec ce drame tel que le raconte la presse occidentale de manière accidentelle.

Savoir.

Une junte militariste et dictatoriale, s'est cachée derrière une ancienne opposante, prix Nobel de la Paix, désignée "présidente" d'un régime fantôche auquel, si on entend bien la presse, cette dame prête sa respectabilité irréprochable à l'abri de laquelle se commettrait l'épuration ethnique d'une minorité musulmane locale, les Rohingas. Bien.

Après la crise des Yazeris en Syrie et en Irak, complètement oubliés aujourd'hui, celle des Rohingas est utilisée par la presse occidentale dans des buts obscurs. La presse insiste sur deux éléments : les Rohingas sont des musulmans - nous n'avons pas vérifié - et ils constituent en Birmanie une minorité que la dictature militaire tente d'éliminer par épuration ethnique - le mot est important puisque l'épuration ethnique est un crime contre l'humanité. On remarque aussi que la Chine depuis une dizaine d'années accroît sa présence et son influence en Birmanie pour y installer une Route de la Soie et que cet activisme, qui ne peut se développer qu'avec la "complicité" du régime birman, attriste profondément l'Administration américaine et ses clubs d'opinion qui contrôlent totalement la presse occidentale.

Dans ce cadre, l'information du voyage du pape François en Birmanie est vendue par la presse occidentale comme une action politique de pression sur la dictature militaire en faveur des Rohingas. C'est ainsi que la presse décrit la mission qu'elle confie au pape François. Quant à la position des Birmans, aucune nformation n'est publiée. Comment voient ils la question des Rohingas, pourquoi leur armée chasse t'elle les Rohingas de leurs zones d'habitat ? Mystère. Une lubie criminelle sûrement ?

Mais, en préparation de son voyage, pape François aurait reçu le conseil de catholiques birmans de ne pas prononcer le mot de "Rohingas" parce que la réaction de ses interlocuteurs pourrait être explosive. Avant la visite de pape François et pendant les premières heures de cette visite, les articles de presse occidentale tendent tous à pousser pape François à faire un esclandre auprès de ses hôtes. Ainsi, d'un ton martial, la presse enthousiaste indique que, dès son arrivée à Rangoon, pape François aurait convoqué le général chef de la junte militaire birmane à l'archevêché local ...

Et puis patatras. La presse dépitée annonce que, dans sa visite en Birmanie, pape François n'a pas prononcé une seule fois le mot de "Rohingas" et, pire, qu'il a attendu de passer la frontière avec le Bangla Desh voisin, qui reçoit en masse les réfugiés Rohingas, pour prononcer leur nom.

En dehors du ton dépité et de la transmission des explications lénifiantes de son service presse, la presse ne laisse rien filtrer - encore - concernant sa réaction au fait que pape François n'a pas vraiment accomplie la mission qu'elle lui avait confié ....

Mais, il faut reconnaître qu'en échange, pape François s'est livré à une véritable leçon de morale, ou de bonnes manières progressistes si vous préférez, à l'encontre de ses hôtes birmans dont, le moins qu'on puisse dire est qu'ils ne semblent pas en avoir été ébaudis.

Il serait temps que les pontifes de tous rangs qui utilisent les dons des fidèles catholiques pour se promener dans les endroits visibles, tiennent enfin un discours catholique et qui ne soit pas lénifiant. Ainsi un chroniqueur religieux italien a remarqué que, lors des discours échangés entre pape François et ses hôtes birmans, la seule personnalité à avoir parlé de Jésus était, ... une bouddhiste. Pape François s'est bien gardé de parler de sa religion, lui qui estime que le prosélytisme est un défaut de bonnes manières.

Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond en Occident.


Revue THOMAS (c) 2017