Vatican - L'affaire Maradiaga

Philippe Brindet - 31.12.2017

1 - De quoi s'agit-il ?

Maradiaga est un cardinal hondurien, ami personnel de Pape François qu'il a nommé à la tête du conseil de cardinaux C9 chargé de la "réforme" de la Curie romaine. Archevêque au Honduras, recteur de l'université catholique locale, Maradiaga est accusé par L'Espresso (lire http://espresso.repubblica.it/inchieste/2017/12/21/news/35-thousand-euros-a-month-for-the-cardinal-the-new-scandal-that-shakes-the-vatican-1.316341) de recevoir des revenus "indus" de l'ordre de 35.000 euros mensuels ainsi que des bonus de fin d'année. L'information est confirmée par une enquête du vaticaniste Edward Pentin (lire http://www.ncregister.com/blog/edward-pentin/cardinal-maradiaga-denies-financial-allegations-but-questions-remain-unansw) qui révèle la preuve des paiements et déterre une affaire supplémentaire d'investissements provenant de son archidiocèse au Honduras et de son université et qui se perdent dans des fonds d'investissement londonien et genevois.

Pape François a déjà ordonné une enquête diligentée par un archevêque argentin à la retraite, Casaretto, qui a rendu un rapport il y a déjà plusieurs mois. Selon les enquêtes indépendantes, Casaretto a démontré la malversation et l'étendue de la fraude avec plus de cinquante témoins.

Selon les enquêtes, Maradiaga a utilisé une partie de ces rapines pour aider un ami évêque homosexuel notoire qui a été depuis enfermé dans une maison jésuite à Madrid.

Malheureusement pour les enquêtes indépendantes de l'Espresso et de Pentin, Pape François, sauf à avoir manifestement ordonné l'enfermement de l'ami évêque, n'a pris aucune sanction. De plus, Maradiaga a protesté de son innocence et, plus récemment encore, Pape François a témoigné à Maradiaga de sa compassion pour les injustes accusations dont il est l'objet.

Pour l'instant, il n'est pas possible d'en dire plus.

2 - Interpréter l'affaire Maradiaga, ou pas ...

Interpréter l'affaire Maradiaga est impossible dans la mesure où aujourd'hui tant Pape François que Maradiaga ne reconnaissent pas les faits allégués. Une interprétation risque en effet d'être démentie par les faits.

L'un des analystes les plus percutants du bergoglianisme, C.A. Ferrara du site américain The Remnant (lire https://remnantnewspaper.com/web/index.php/fetzen-fliegen/item/3630-the-end-of-the-church-of-slogans), ne se prive pourtant pas de donner plusieurs interprétations ou, plus exactement, de soutenir par les accusations des enquêtes de l'Espresso et de Pentin plusieurs analyses qu'il donne du bergoglionisme et que pour une bonne part, nous partageons.

Nous n'irons pas sur la base de l'affaire Maradiaga aussi loin que lui. Mais, Ferrara donne plusieurs informations importantes sur Maradiaga et sur son environnement.

Maradiaga selon un autre analyste, John Allen, rapporté par Ferrara, aurait étudié la théologie morale avec un allemand, Bernard Haering, réputé pour avoir soutenu une constestation radicale de l'encyclique de Paul VI, Humanae Vitae, et d'avoir été à la tête du premier mouvement en faveur de l'accession des divorcés-remariés à la Communion en 1973. Bien avant Kasper, en 1992, et Pape François en 2015. Haering est aussi crédité d'avoir diffusé le concept du dogme "liquide" qui s'adapte naturellement aux désirs modernes. Il a enseigné beaucoup d'ecclésiastiques qui comme Maradiaga, servent tous la faction progressiste dans le mouvement d'une prise totale du pouvoir dans l'Eglise hiérarchique.

Après la publication du Pope Dictator de Colonna qui regroupe une trentaine d'affaires consternantes et connues concernant le pontificat de Pape François, l'affaire Maradiaga met en avant un des personnages les plus troubles du bergoglianisme. Et Maradiaga n'est pas une "créature" de Pape François ! Il a été promu dans l'Eglise catholique romaine, dans l'Eglise hiérarchique, par le pape Saint Jean-Paul II lui-même. C'est Jean-Paul II qui a nommé en 2011 Maradiaga à la tête de l'organisation catholique douteuse Caritas, éliminant une laïque sud-africaine, Lesley-Anne Knight, issue de l'ONG gauchiste Oxfam et elle-même accusée d'avoir aligné Caritas sur les objectifs des ONGs athées. Ce que Maradiaga aura indéniablement renforcé, tentant même de redonner de la puissance à Knight.

Maradiaga a été très proche de Jean-Paul II qui le nomme archevêque en 1993. Il a obtenu de présider la Conférence épiscopale latino-américaine de 1995 à 1999, où il était l'exhubérant patron d'un Bergoglio, secret et manoeuvrier qui, avec l'appui de Jean-Paul II passe d'évêque auxiliaire de Buenos Aires, à coadjuteur en 1997 puis archevêque en 1998. Maradiaga est fait cardinal par Jean-Paul II en 2001.

Ce que l'on voit dans l'affaire Maradiaga, ce n'est pas tellement le spectacle navrant de l'adoration de l'argent. C'est plutôt la contemplation désolante de la lente et inexorable prise de pouvoir dans l'Eglise catholique romaine par les ennemis de Dieu, tout confits en dévotions. Il n'y avait qu'une possibilité pour les empêcher. Il fallait les éliminer pour des raisons théologiques. Ni Jean-Paul II, ni Benoît XVI ne l'ont voulu. Ils ont perdu.

Remarque importante : Son nom de famille n'est pas "Maradiagua", mais "Rodriguez".

Revue THOMAS (c) 2017